François Baroin, député (UMP) de l’Aube et maire de Troyes, est favorable à une loi d’interdiction générale de la burqa mais réclame la suspension du débat sur l’identité nationale.
Une telle loi est-elle proportionnée à un phénomène aussi minoritaire ?
C’est une question de principe. Une seule burqa justifierait une loi.
N’est-ce pas une façon supplémentaire de stigmatiser l’islam ?
Non, car la burqa n’est pas une prescription religieuse mais une dérive sectaire, qui doit être condamnée et combattue. En le faisant, nous rendrons service à tous, aussi bien aux musulmans qu’à l’ensemble de la société française.
N’y a-t-il pas un risque d’amalgame dans un contexte marqué par le débat sur l’identité nationale ?
Le débat sur la burqa était engagé avant ce débat sur l’identité nationale. C’est notre responsabilité de bien souligner que ce sont deux débats totalement distincts, même si certains veulent exploiter la burqa dans le cadre de l’identité nationale. Cela étant, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’étais très tôt réservé, pour ne pas dire franchement hostile, à un débat qui ne définit pas d’objectifs politiques clairs. On a ouvert la boîte de Pandore, l’ensemble des bas instincts s’est développé et a couru dans la société.
Que certains aient des problèmes d’identité avec la nation, du fait notamment de leurs origines, de leurs conditions de logement ou d’accès à l’emploi, c’est certain. Mais la nation dans sa globalité n’a pas de problème d’identité. Toutes les réponses sont dans la Constitution, car nous sommes un vieux pays avec une histoire. Chacun d’entre nous doit comprendre la Constitution dans sa construction historique et dans sa maturité, la respecter et l’accepter.(…)Ce débat n’est-il pas dans la droite ligne de la campagne présidentielle de 2007 et de la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ?
(….)La nation existe, l’histoire a tranché : nous ne sommes pas des nationalistes. Le nationalisme, comme le dit Jacques Chirac dans ses Mémoires, c’est la haine des autres. Nous sommes des patriotes. Le patriotisme, c’est l’amour des siens. (…)
Source : Le Monde