Après une chute de 2,3% cette année, le PIB de la France devrait progresser de 1,1% en 2010, estime l’Insee. Le rebond de l’investissement des entreprises sera timide. C’est la consommation des ménages qui jouera encore le rôle de moteur de la croissance. Le chômage devrait poursuivre sa hausse jusqu’à mi-2010.
Les entreprises vont encore détruire des emplois
C’est principalement l’activité dans les services qui soutiendra l’économie français en 2010. Après un rebond à la mi-2009, la production industrielle devrait fortement ralentir. Le secteur du BTP continuera à être sinistré, mais dans une moindre mesure. Du côté des entreprises, l’investissement repartirait progressivement avec le retour de la croissance, mais des surcapacités toujours importantes en limiteraient le rebond.
Pour restaurer leurs marges de productivités, les entreprises vont donc continuer à détruire des emplois, estime l’Insee. Au total, après avoir perdu près de 260.000 emplois au premier semestre 2009, l’économie française en perdrait environ 110.000 au second semestre et autant au premier semestre 2010.
Le chômage poursuivrait de ce fait sa hausse jusqu’à la mi-2010, “mais de façon moins rapide qu’au cours des trimestres précédents“, souligne l’Insee. Le taux de chômage au sens du BIT, qui s’est établit à 9,5% de la population active au troisième trimestre 2009, devrait atteindre 9,8% à la fin de l’année, 10% puis 10,2% aux premier et deuxième trimestres 2010.
La sortie de récession s’est confirmée pour la plupart des pays avancés au troisième trimestre 2009 et devrait se poursuivre au dernier trimestre, note l’Insee dans sa note de conjoncture publiée jeudi 17 décembre.
L’Institut national de la statistique distingue cependant deux groupes de pays : le premier verrait sa croissance stagner, vire rechuter, en raison notamment de la faiblesse de sa demande intérieure; dans le second, la demande des entreprises et des ménages redémarrerait, mais la croissance peinerait à rejoindre son rythme tendanciel. Le Japon, le Royaume-Uni et l’Espagne appartiennent au premier groupe. La France appartient au second, avec l’Allemagne et les États-Unis.
“La France ferait ainsi partie des pays en reprise. Mais celle-ci serait laborieuse“, indique l’Insee. L’activité économique devrait s’inscrire en hausse modérée sur les trois prochains trimestres (+0,4% environ par trimestre). Ainsi, après avoir chuté de 2,3% en 2009, le PIB français progresserait de 1,1% l’an prochain.
Taxe carbone : effet neutre sur le pouvoir d’achat
Le pouvoir d’achat des ménages sera amputé par un regain d’inflation, par la remontée des prix des matières premières et par la disparition des mesures de soutien exceptionnelles de 2009 (prime à la casse, suppression de deux derniers tiers de l’impôt sur le revenu, versement de primes de précarité, etc.). Il devrait néanmoins progresser, modérément, grâce à des revenus d’activité plus dynamiques. L’Insee note que la mise en oeuvre de la taxe carbone, qui devrait pousser à la hausse les prix, sera neutre pour le pouvoir d’achat des ménages en raison de la compensation intégrale.
“La croissance française serait ainsi portée par son moteur traditionnel, la consommation“, estime l’Institut de la statistique. “Mais celui-ci ne fonctionnerait pas à plein régime” : après un rebond marqué au quatrième trimestre, imputable à l’effet prime à la casse, la consommation des ménages progresserait ensuite à un rythme de 0,2% par trimestre.
“La sortie de récession s’effectue sans correction majeure des déséquilibres sur les marchés immobiliers, ni des situations d’endettement excessif : autant d’aléas négatifs sur la consommation ou l’investissement des ménages pour les prochains trimestres“, prévient l’Insee en conclusion de sa note.