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Thibault Gajdos, économiste, chargé de recherche au CNRS, veut dissiper «quelques idées reçues» sur l’immigration et affirme qu’elle ne présente que des avantages. Encore faut-il en convaincre les populations autochtones de plus en plus réticentes. Des  «organes spécialisés» devraient donc œuvrer dans ce sens.

Je n’entends pas ici participer au débat sur l’identité nationale (….). Il peut être utile, en revanche, de dissiper quelques idées reçues sur l’immigration qui, quoi que l’on en dise, en est le véritable enjeu.

L’immigration profite aussi aux pays d’accueil. Cela est évident pour l’immigration des personnes très qualifiées. (…) Un accroissement d’un point du pourcentage d’immigrés diplômés du supérieur dans la population totale se traduit par une augmentation du nombre de brevets par habitant de l’ordre de 15 %. L’immigration est donc un moteur puissant de l’innovation.(…)

Mais les immigrés diplômés ne sont pas les seuls à enrichir les pays d’arrivée. Un immigré qui s’installe, c’est un emploi qui est créé dans le pays d’accueil. (…)

Non seulement l’immigration ne menace pas l’emploi des natifs, mais l’ajustement à la hausse des investissements correspondant à la création d’un emploi occupé par un immigrant se fait presque instantanément. Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) croît au même rythme que l’immigration.

Mais peut-être l’arrivée de travailleurs immigrés (notamment peu qualifiés) entraîne-t-elle une baisse des salaires ? (…)Une augmentation de 1 % de la part des travailleurs immigrés dans la population active accroît de 0,5 % le revenu moyen des travailleurs natifs. Cette augmentation profite essentiellement aux plus qualifiés, les salaires des travailleurs les moins qualifiés n’étant que très légèrement affectés. Ces résultats viennent confirmer une littérature abondante. (…)

Bien que les bénéfices directs de l’immigration pour les pays d’accueil soient donc substantiels, les citoyens de la plupart des pays européens sont massivement hostiles à l’immigration. C’est le cas en France où 57 % des Français souhaitent une restriction de l’immigration. (…)

Ce constat a conduit le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à insister, dans son dernier Rapport mondial sur le développement humain, sur la nécessité de «rassurer les autochtones, de façon à ce qu’ils ne perçoivent plus l’immigration comme une menace à leur personne ou à leur société».

Il suggère aux gouvernements de «déployer davantage d’efforts pour influencer le débat public au moyen de processus dont l’objectivité et la fiabilité ne pourront pas être remises en cause», et souligne qu’ils ont «fort à gagner des conseils techniques dispensés par des organes spécialisés(…). Afin d’être considérés comme impartiaux, ces organes devront délibérément se tenir à distance de l’administration». C’est peu dire que le débat organisé par l’exécutif français ne répond pas à ces exigences.

Source : Le Monde

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