Aux États-Unis, crise oblige, le budget cadeaux est en nette baisse cette année. D’après les sondages, 82% des acheteurs paieront en espèces.
La récession est peut-être terminée, mais le moral des ménages est toujours en berne. À la veille des fêtes de fin d’année, les Américains font leurs achats, calculatrice à la main. D’après un sondage Bloomberg, la moitié de la population a l’intention de dépenser moins d’argent cette année que l’an dernier pour Noël. Ce qui représenterait 390 dollars contre 418 l’an dernier par famille.
Les cartes de crédit, si facilement dégainées par le passé, restent en poche, les consommateurs préférant ne pas aggraver leurs dettes. Certains se sont même mis à faire du troc et 82 % comptent régler leurs achats en espèces.
Les cadeaux cette année seront meilleur marché, moins nombreux, parfois recyclés et même faits maison. D’après la société d’étude de comportement des consommateurs NPD, les particuliers ont réduit en moyenne leurs listes de cadeaux à 10 personnes au lieu de 16 l’an dernier.
American Express a même trouvé dans une étude récente que les amis avaient parfois été remplacés par un animal domestique sur les listes de Noël. «Les chiens et les chats sont les grands gagnants de la récession,» suggère dans le New York Times Kit Yarrow, psychologue spécialisée en consommation à l’Université Golden Gate de San Francisco. L’experte explique que les animaux ayant parfois l’avantage d’apporter plus de réconfort que les humains en période de crise économique, ils ont pris une plus grande importance dans le cœur des gens, ces derniers mois.
Chômage en hausse
Le chômage, encore à deux chiffres, reste le souci numéro un des Américains. Actuellement, 60% de sondés estiment que le plan de relance de Barack Obama n’a rien changé à la situation économique du pays, alors qu’ils n’étaient que 49% à penser cela il y a trois mois. Même si le taux de chômage a reculé de manière inattendue de 0,2 point, à 10% en novembre, seulement 32% d’Américains estiment que le pays va dans la bonne direction, alors qu’ils étaient encore 40% en septembre dernier. Un sondage New York Times/CBS publié mardi révèle l’ampleur du traumatisme dans la population : 53% des chômeurs ont dû emprunter de l’argent à des proches, 47% sont sans assurance-maladie, près de la moitié souffrent d’anxiété ou de dépression.
L’heure n’est donc pas aux folies dépensières. L’optimisme des économistes généré par les ventes de Thanksgiving a été tempéré par une nouvelle baisse au cours de la première semaine de décembre, selon ShopperTrack RCT Corp.
Est-ce à dire que le capitalisme à l’américaine est en voie d’extinction ? Rien n’est moins sûr. D’après un récent rapport, l’American Customer Satisfaction Index (ACSI), qui étudie les habitudes de consommation de la nation, montre que même s’ils dépensent moins, rien ne porte à croire que les Américains ont modifié à long terme leur mode de consommation. En témoigne la similitude des comportements entre cette crise et celles de périodes antérieures comme 1990-1991, par exemple. Aux États-Unis, la mémoire du consommateur est courte, rappelle-t-on à l’ACSI.