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Chaque dimanche, afin que chacun puisse mieux connaître le déroulement de l’année liturgique en comprenant la signification du temps liturgique dans lequel on se trouve et en découvrant les plus importantes des fêtes de saint que l’on célèbre chaque jour, Fdesouche.com donne la parole à un homme d’Eglise.
Notre objectif à travers cette opération n’est pas de faire du prosélytisme mais de permettre aux lecteurs de connaître et de comprendre la religion dont la France est “la fille ainée”.
Merci d’être constructif dans vos commentaires.

3 janvier : Fête du Saint Nom de Jésus
3 janvier : fête de sainte Geneviève
6 janvier : fête de l’Epiphanie
Coutumes populaires pour la fête des Rois

Par le Père Augustin

3 janvier : Fête du Saint Nom de Jésus
Cette fête du Saint Nom de Jésus est d’institution tardive. On peut penser que la fête de la circoncision (1er janvier), au cours de laquelle, selon le rite juif, un nom est donné à l’enfant est la véritable fête du nom de Jésus. On la célèbre sous deux aspects principaux : la puissance du nom de Jésus qui signifie « salut » : « Il n’y a pas d’autre nom au Ciel et sur la terre par lequel nous puissions être sauvés » dit saint Pierre dans les Actes des apôtres. Et la tendresse ou l’émotion que ce nom produit dans les cœurs de ceux qui l‘on mis au dessus de tout.
Rien à voir avec un Mantra, que l’on répète inlassablement, en Orient, pour obtenir une protection. La spiritualité chrétienne n’est pas une technique mais l’épanouissement du cœur dans la foi, qui donne à celui qui en vit un « regard maximum » sur la vie telle qu’elle est.
Cette spiritualité du Saint Nom de Jésus, d’origine franciscaine, a traversé les siècles en particulier dans ce très beau poème latin qui est l’hymne : Jesu dulcis memoria : « Doux souvenir de Jésus donnant les vraies joies du cœur, mais plus que le miel et plus que tout, sa douce présence ».
Depuis saint Augustin et son traité de la Trinité, on sait que la « mémoire » est une faculté spirituelle d’une importance considérable – et que l’on oublie trop souvent, en mettant en avant le seul intellect. La mémoire, c’est la trace laissée par toutes les émotions bonnes, qui nous ont transportés un moment un peu au dessus de nous-mêmes. La présence mystique de Jésus est une expérience magnifique et rare. On peut dire que Jésus donne aux grandes idées désincarnées – la Vérité, le Bien, le Beau – un visage humain : le sien. Les artistes ont été particulièrement sensibles à cela. Je citerai simplement l’Ecce homo du Titien que je viens de voir à la très belle exposition qui se déroule encore pour quelques jours au Musée Jacquemart André à Paris.
3 janvier : fête de sainte Geneviève
Geneviève est née à Nanterre en 423 et morte à Paris en 512. D’origine franque par son père, comme en témoigne son patronyme Genovefa forme latinisée du francique Kinovifa (« femme de race »), elle n’est pas du tout la petite bergère de Nanterre, que veut voir en elle la légende. D’une famille riche, son père est membre de la Curia (le conseil municipal) et elle-même a un sens aigu des affaires et de la politique, ce qui ne l’empêche pas de consacrer sa vie au Seigneur. Dès 451, elle est suffisamment connue dans la Cité pour jouer un rôle très important en galvanisant la résistance des Parisiens, qui voulaient fuir la ville, alors que les troupes d’Attila, « le fléau de Dieu » s’approchaient de Lutèce.

On sait que les Huns s’arrêteront à Orléans, où c’est l’évêque saint Aignan, ancien soldat dans l’armée romaine, qui, en l’absence de pouvoir central, galvanise la résistance, jusqu’à se battre au corps à corps à l’intérieur de sa ville épiscopale. L’armée d’Aetius arrive à temps pour dégager Orléans. Finalement le combat décisif contre les Huns aura lieu au lieu dit des Champs catalauniques près de Troye. Combat incertain, qui suffit à décourager les envahisseurs.
Le prestige de Geneviève, alors, est considérable. C’est à cette époque qu’elle commence à faire bâtir une basilique à Saint Denis, en l’honneur de Denis, ce Grec qui, vers 250, a fondé l’Eglise parisienne et qui est mort, martyr de son zèle. Elle habite quant à elle sur le Mont qui prendra son nom plus tard, avec quelques femmes qui sont venues la rejoindre, attirées par sa réputation de sainteté.
Beaucoup plus tard, vers 490, Geneviève devait à nouveau galvaniser les Parisiens. Cette fois c’est Clovis qui tente d’intimider Paris pour y entrer et y faire la Capitale du Royaume qu’il est en train de se tailler dans les décombres de l’Empire romain. Grâce à ses relations, la sainte organisera le ravitaillement de la Capitale en convoyant douze navires emplis ras bord de vivres qu’elle entend d’ailleurs distribuer elle-même pour éviter les injustices.
Elle cherche à gagner du temps. Ce qu’elle veut ? la conversion de Clovis, qui a épousé quelques années auparavant une jeune chrétienne qu’elle connaît bien Clotilde. Après le baptême de Clovis en 496, Paris lui ouvre ses portes. Peut-on imaginer que le roi barbare avait bien compris, mille ans avant Henri IV, que « Paris vaut bien une messe » ? L’histoire ne le dit pas. Mais il y a une similitude de circonstances qui est troublante !
Geneviève deviendra une familière de la famille royale et obtiendra la construction, sur la Montagne Sainte Geneviève de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, pour affirmer la romanité de la nouvelle Capitale, à l’heure où l’hérésie arienne semble triompher partout dans l’Empire. Il ne reste de cette église qu’une tour, enclose dans le lycée Henri IV, que l’on appelle la Tour Clovis.
Notons que la sainte, patronne de Paris, est aussi devenue la patronne des gendarmes, par un décret du pape Jean XXIII en 1962 – ce qui n’a pas découragé les identitaires parisiens d’organiser, pour la troisième fois cette année, une grande manifestation ce 3 janvier, pour marquer la fête de celle qui, parce qu’elle a tenu tête aux Huns et négocié avec les Francs, est à l’origine de la gloire de Paris.
Voici ce qu’en écrivit de son côté Charles Péguy dans le long poème qu’il a consacré à Geneviève et à Jeanne d’Arc, pour marquer l’importance politique de la sainte, au cœur de la francité : « Tout un peuple assemblé la regardait mourir/Le bourgeois, le manant, le pâtre et le bouvier/Pleuraient et se taisaient, et la voyait partir…/L’éblouissant manteau d’une sévère neige/Couvrait les beaux vallons du pays parisis,/L’amour de tout un peuple était son seul cortège/Et ce peuple, c’était le peuple de Paris…/La neige découpait un immense parvis,/L’histoire préparait un immense destin./La gloire se levait dans un jeune matin,/Et la jeune Lutèce était le vieux Paris… »
« Notre Paris jamais ne rompit avec Rome » chantait Charles Maurras. On peut dire qu’à l’origine, c’est à Geneviève que la Ville lumière doit cette continuité historique harmonieuse, qui lui a évité un divorce- trop classique – entre romanité et barbarie.
6 janvier : fête de l’Epiphanie

La fête de l ‘Epiphanie est l’une des plus importantes du calendrier liturgique, plus importante que Noël, au moins dans la tradition orientale, grecque et russe.
Le terme vient du grec epiphania, qui signifie « manifestation ». C’est la fête de la Manifestation du Messie comme Fils de Dieu (on parle aussi de théophanie, d’où le prénom Tiphaine). C’est que dans la liturgie la plus primitive, on célébrait trois événements en un, comme le souligne encore, dans la liturgie latine, l’antienne des Vêpres à Magnificat. Il y avait pour ce jour de la Théophanie, le Voyage des Mages qui viennent « adorer » l’Enfant (c’est le mot utilisé par l’Evangéliste Matthieu). Il y avait le premier miracle à Cana en Galilée, où le Christ change l’eau en vin. Et il y avait le baptême du Christ par Jean Baptiste dans l’eau du Jourdain, au cours duquel on entend une voix du Ciel qui dit : « Celui ci est mon Fils bien aimé, écoutez le ».
Dans l’Eglise latine, aujourd’hui, le baptême du Christ est fêté le dernier jour de l’octave de l’Epiphanie (sur le sens de « octave », voir le commentaire de la semaine dernière). Quant aux noces de Cana, nous en reparlerons bientôt, puisque nous retrouvons cet épisode dans l’évangile du deuxième dimanche après l’Epiphanie.
Reste la venue des Mages, qui est aujourd’hui l’objet de la fête de l’Epiphanie.
Si on met en doute l’historicité de cet épisode, c’est d’abord parce qu’on lit mal le texte qui est plein de détails, mais qui, dans certains Evangiles apocryphes (c’est-à-dire des textes tardifs qui « brodent » sur la vie de Jésus), devient carrément mythologique. Dans le Livre de l’Enfance, un apocryphe arménien du VIème siècle, on nous apprend par exemple que ces Mages en réalité sont des « rois », qu’ils sont trois et qu’il s’appellent Gaspard Melchior et Balthasar. On nous dit que les Mages ont suivi une étoile qui se serait déplacée pour les précéder jusqu’à Jérusalem. Mais ce n’est pas cela du tout ! Ces astronomes, sans doute persans, ont vu un astre extraordinaire : « Nous avons vu son étoile en Orient ». Il y a, diffuse, dans l’humanité de ce temps-là une attente d’un phénomène extraordinaire, comme on peut le lire dans la Quatrième Eglogue de Virgile, dans lequel, quelques années avant le Christ, le poète latin annonce la venue d’un enfant né d’une Vierge. Ce sont des traditions semblables, qui dans le Zoroastrisme perse, animaient l’attente des Mages, qui savaient bien que si quelque chose devait advenir, ce serait en Judée, le pays de la Bible. Ils viennent donc à Jérusalem, s’enquièrent auprès du roi Hérode, qui, averti par les Mages de la naissance d’un Roi Messie, convoque les sages d’Israël, lui le Bédouin. Ces sages lui disent tous : le Messie doit naître à Bethléem, comme cela a été explicitement prophétisé dans la Bible hébraïque, par Michée. C’est l’origine du massacre des enfants de Bethléem. Les Mages, ayant compris la duplicité d’Hérode et s’étant abstenus de lui apporter, sur cette naissance merveilleuse, les renseignements précis qu’il demandait, lui Hérode s’est entêté et il a décidé de tuer tous les enfants de Bethléem. Cet acte de sauvagerie était resté dans les Annales de l’histoire antique (Macrobe).
Si on cherche la véritable signification de la venue des Mages, on est bien obligé de supposer qu’il y a, non seulement pour les Juifs l’Ancien Testament, mais pour les Païens, une véritable « préparation évangélique », qui emprunte les canaux inattendus de l’astrologie et de la Prophétie, mais en dehors du peuple juif. Le savoir humain (dont l’astrologie à l’époque est le symbole) mène au Christ, voilà ce que signifie l’épisode des Mages.
En revanche, le pouvoir politique aveugle Hérode, comme il aveuglera Pilate, raison pour laquelle il faut bien remarquer que les Mages ne sont pas appelés « Rois » dans le récit évangélique, mais uniquement dans des écrits tardifs, comme le Livre de l’enfance, que j’ai cité plus haut.
Pourquoi cette version « ornée » dans les écrits tardifs ? Pour faire cadrer l’événement, dont l’évangéliste Matthieu se fait l’écho, avec la prophétie d’Isaïe (49, 7) et le Psaume 71 : « Les rois de Tharsis et des îles lui apporteront leurs présents ». Si le récit évangélique, qui parle de « mages » et pas des « rois », ne cadre pas avec la prophétie, c’est qu’il n’a pas été élaboré à partir d’elle et que sa source est bien un substrat historique.
Coutumes populaires pour la fête des Rois.
Autour de cet épisode des « Rois », naît tout un folklore, partiellement repris de la fête romaine des Saturnales.
Au XVIème siècle, à Paris, une querelle naquit entre deux corporations, celle des boulangers et celle des pâtissiers, qui se disputent le droit de confectionner le gâteau des rois. Les rois, à plusieurs reprises donnent raison aux pâtissiers et leur confirment le droit exclusif de fabriquer « le gâteaux des rois ». Les boulangers contre attaquent en confectionnant une galette, à base de pâte à pain et frangipane. Dans le sud de la France, la coutume demeure d’une brioche appelée « gâteau des rois ». Evidemment sous la Révolution française, on a d’abord tenté de faire disparaître cette coutume purement et simplement. Mais les boulangers et les pâtissiers proposèrent en remplacement, pour garder une source substantielle de revenus, de vendre une « galette du bon voisinage ».
Quant à la fève elle-même, la coutume en est attestée dès le XIVème siècle chez les moines de Besançon, qui élisait leur supérieur le jour de l’Epiphanie, en le tirant au sort. Bel exemple de communisme monastique. Dans une égalité rigoureuse de tous les moines, le chef est désigné par le hasard, c’est-à-dire par la Providence de Dieu.
Mais on en trouve l’origine dans la Rome païenne. Tacite nous raconte comment de petits enfants, nommés Apollon pour les garçons ou Phoebé pour les filles, glissés sous la table, désignent les personnes qui reçoivent telle ou telle part.
Durant les Saturnales, qui sont des fêtes orgiaques, ce rite du tirage au sort donnait lieu à des inversions de type carnavalesque. Un esclave était tiré au sort : s’il avait la fève, il devenait « le roi » d’un jour et pouvait exiger tout ce qu’il voulait. Mais à la fin de la journée, il était mis à mort, comme le Bouc émissaire qui prenait sur lui toutes les fautes de la maison. Au Moyen-âge, la fête de l’âne retrouve ce principe, puisque l’on revêtait un âne des habits sacerdotaux durant toute la journée, en s’en moquant de toutes les manières. Sous Louis XIII, à la Cour de France, on retrouve un rite similaire, qui concerne exclusivement les dames. Celle qui avait la fève pouvait demander au Roi tout ce qu’elle voulait sous la forme d’un vœu dit « de grâce et gentillesse ». Louis XIV bien sûr abolit cette coutume déplorable ! C’est à cette époque que la fête des rois prend vraiment la tournure inoffensive qu’elle connaît aujourd’hui, avec, en guise de fève des enfants Jésus de porcelaine.
Si l’on y réfléchit bien, nos fèves d’aujourd’hui n’ont pas besoin de revêtir une signification immédiatement religieuse. Mais de là à ce qu’elles prennent la forme d’un personnage de Walt Disney ou qu’elle ressemble à un quelconque produit dérivé d’une série américaine… il me semble qu’il y a une marge.
Il y a un sérieux de notre folklore, qu’il faut enseigner aux enfants, comme le faisaient les Romains de Tacite !

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