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L’Asie, même si elle montre la voie de la reprise mondiale, reste exposée à un fort risque de troubles sociaux liés à la montée du chômage et des inégalités. Si la plupart des économies asiatiques affichent de nouveau d’impressionnants taux de croissance, des experts préviennent que l’année 2010 n’est pas à l’abri de mauvaises surprises.

Même si nous maintenons que la crise a déjà infligé ses plus gros dégâts, son impact continuera de se faire sentir en 2010,” estime Economist Intelligence Unit (EIU) dans un rapport.
Pour ce cabinet spécialisé dans l’analyse du risque politique pour les investisseurs, la stabilité des économies pourrait pâtir cette année de pressions déflationnistes, de nouvelles bulles spéculatives et “de la menace d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des troubles sociaux et politiques.
Ceux-ci, explique-il, seront entretenus par un chômage accru, une faible croissance et des mesures d’austérité budgétaires dans de nombreux pays.

La plupart de ces risques, ajoutent ces experts, sont concentrés en Asie. L’EIU classe ainsi la Chine dans une catégorie “à haut risque” de troubles sociaux en 2010, ainsi que la Thaïlande, l’Indonésie, les Philippines, le Sri Lanka, le Cambodge, le Bangladesh et la Corée du Nord.

Agitation contenue en Chine
Le risque politique majeur aux yeux des analystes est une agitation sociale d’une ampleur de nature à déstabiliser la Chine et à miner son rôle crucial de moteur de la croissance mondiale. Ce risque reste toutefois purement théorique pour la plupart d’entre eux.
L’Académie chinoise des sciences sociales a déclaré le mois dernier que les conflits liés à l’entreprise ont atteint l’an dernier des niveaux sans précédent et il ne fait guère de doute que l’année qui commence sera également marquée par de multiples poussées de fièvre sociale.
Plusieurs dizaines de milliers d'”incidents de masse,” comme ils sont qualifiés par les autorités chinoises, étaient déjà recensés avant même le ralentissement lié à la crise de 2008.
La seule statistique officielle du chômage concerne uniquement la population active urbaine et atteint 4,3%, mais il faut y ajouter les sans-emploi au sein des dizaines de millions de travailleurs migrants ruraux.
L’inégalité des revenus est également en hausse – l’Académie chinoise des sciences sociales prévoit une augmentation de 10% du revenu des habitants des villes en 2010, contre une hausse de 6% pour la population pauvre des campagnes.
Pourtant, jusqu’ici, les troubles sociaux ont pour la plupart été nourris par des revendications purement locales et ne constituaient pas une remise en cause de la légitimité du pouvoir central. Et les troubles au Tibet ou au Xinjiang n’ont jamais atteint un degré susceptible de menacer la cohésion nationale ou d’inquiéter les investisseurs.
La Thaïlande inquiète les investisseurs
La Thaïlande est davantage un sujet d’inquiétude pour les milieux financiers. Le pays est empêtré dans une crise politique interminable, qui – pour résumer – oppose les élites urbaines aux habitants défavorisés des campagnes.
Ce mélange entre un gouvernement faible, de facto non élu, parfois confronté à des violentes manifestations de rue, et un embarrassant ancien premier ministre qui rôde alentour réunit les ingrédients d’une incertitude majeure,” estiment les analystes de Standard Chartered dans leurs perspectives pour l’Asie en 2010.
Si l’état de santé du roi venait à s’aggraver de nouveau, la situation pourrait se tendre encore davantage et menacer la note de la dette souveraine,” déclarent-ils.
La Corée du Nord est une autre source de préoccupation, même si le régime de Kim Jong-il infirme depuis des années les prédictions des analystes annonçant son effondrement imminent.
Les interrogations sur la santé de Kim Jong-il contribuent à placer le pays en haut de la catégorie à risque, non seulement parce qu’une Corée du Nord instable pourrait lancer des attaques contre ses voisins mais aussi parce qu’une implosion du régime aboutirait à une brusque réunification de la péninsule, au coût énorme pour le Sud.
En Inde, les accès de violence sont relativement fréquents et n’inquiètent pas les marchés outre mesure, mais les pressions sociales pourraient s’accentuer en 2010 et semer une certaine dose d’incertitude.
Le Point

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