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Christian Boltanski est «un des plus grands artistes français», selon le site du Grand Palais où il va présenter sa prochaine création intitulée Personnes lors de la troisième édition de Monumenta. Il s’agit d’une pyramide de vêtements récupérés, de plus de 10 mètres de haut. L’artiste révèle au Monde les clés permettant de décrypter son œuvre (shoah, mosquées …). Christian Boltanski représentera la France à la Biennale de Venise de 2011.

Des assistants disposent les vêtements sur les structures en tubes et grillages qui supportent le tas. De temps en temps, un élévateur hisse jusqu’à la plate-forme supérieure un sac de plastique blanc, lourd d’un quintal d’habits récupérés. Pour la pyramide, Boltanski a voulu qu’ils soient de couleurs vives et de toutes sortes : pulls, chemises, tee-shirts. (…)
Depuis plusieurs années, Boltanski a entrepris en effet de réunir des centaines d’enregistrements de battements pour ses Archives du coeur. On les entendra dans un demi-jour de crépuscule, tout en marchant entre les carrés de manteaux étendus comme autant de symboles de l’absence.

«Du côté des carrés et des battements de coeur, dit Boltanski, on est encore du côté de l’existence. La pyramide, c’est la mise à mort de masse.»
Sans cesse, une pince montée sur une grue prendra, élèvera et laissera retomber des vêtements sur le haut du tas. On songe à l’oeuvre de 1988, faite elle aussi d’habits récupérés, que Boltanski avait nommé Réserve Canada, nom donné dans les camps aux baraques où étaient triés et stockés les effets des victimes des chambres à gaz.
Il confirme l’interprétation. Et précise : «Les vêtements, c’est un fripier qui les a fournis. Il les reprend après la fin de l’exposition. Beaucoup seront mis en pièces pour fabriquer du feutre d’isolation. Bien sûr, ça m’a fait penser au feutre fait avec les cheveux des morts dans les camps. J’ai vu chez lui une machine terrible qui déchiquette les vêtements. J’ai pensé un moment la mettre ici. Ce serait trop dur pour le visiteur. Mais l’idée demeure.» (…)
Pour la lumière, il a donc trouvé la solution la plus radicale : l’hiver. «Pour la hauteur, j’ai pensé aux mosquées. Leurs coupoles sont très hautes, mais le sol est couvert de tapis et les lustres suspendus très bas.»
Source : Le Monde

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