Un petit peuple, enraciné dans sa terre, fort de ses traditions séculaires et d’une relation symbiotique avec son environnement est menacé de destruction par une clique multiculturelle cherchant à piller ses ressources.
Aidés par un humain qui littéralement devient un des leurs, les Na’vis, initialement divisés en une multitude de tribus, se coalisent et jettent leurs dernières forces dans la bataille, affrontant “avec des arcs et des flèches” un ennemi fort supérieur en nombre et en armement. Comme les Germains mourant pour sauvegarder leur Irminsul des haches chrétiennes, les Na’vis donnent leur vie par loyauté envers leur arbre sacré.
Voir dans Avatar un film anti-blanc voire anti-identitaire est donc à mon avis une grossière erreur de jugement, alors que c’est probablement, avec le Retour du Roi, un des films les plus à droite de ces dernières années. Les hommes et femmes du film appartiennent à toutes les races de l’humanité: on y voit des Blancs (aux postes clés, bien entendu), des Noirs, des Asiatiques, des Latinos, des Indiens. C’est l’Amérique-monde, celle multicolore d’Obama, celle de la coalition en Irak qui écrabouille tout ce que cet univers a de singulier à coup de M16, de Coca-Cola…et d’Avatar. Celle qui pourrait un jour envahir notre beau pays, au nom des Droits de l’Homme, s’il lui arrivait de choisir la voie du populisme… C’est cette humanité unifiée et arc-en-ciel dont rêvent nos cosmopolites qui va traquer les cultures indigènes à l’autre bout de l’univers pour les absorber dans l’Unique, éternelle lutte des visions monothéiste et polythéiste. Refus aussi d’un peuple singulier, qui devrait devenir “un peuple comme les autres”, c’est à dire mourir en tant que tel.
Comprenons-nous bien. S’identifier aux humains du film c’est faire preuve d’un sentiment de supériorité sans aucun lien avec la réalité. Nous ne sommes pas les conquérants, mais les conquis. Nous ne sommes plus en 1914, mais en 2010. Les “sauvages”, les autochtones ce sont les Européens du XXIe siècle, pris d’assaut par les hordes innombrables du Tiers-monde, rachetés à vil prix par les pétromonarchies du Golfe, ringardisés et réduits au chômage par les industrieux Chinois. Nous voilà pris en tenailles entre le lumpenprolétariat allogène qui nous colonise “par le bas” et l’hyperclasse nomade qui nous écrase “par le haut”. Menacés d’être parqués comme figurants dans des réserves de carton pâte, dans des “villes-décors” pour amuser les touristes de la Mondialisation Heureuse.
Un des arguments avancés par les Réacs pour s’opposer au film est de dire que dans la sacro-sainte Nature idéalisée par James Cameron, les faibles sont en réalité impitoyablement purgés du réservoir génétique de l’univers, que les forts ont toujours dominé et domineront toujours. Ainsi il est donc normal, voire sain que les humains (puissants) écrasent et conquièrent les Na’vis (faibles). Ils ont parfaitement raison quant au mécanisme décrit, mais complètement tort quant à la perception de ce mécanisme. Premièrement parce que la puissance n’existe pas intrinsèquement mais qu’elle n’est qu’une qualification relative d’un rapport de forces fluctuant. Il n’y a donc nulle raison de se soumettre servilement à quelque chose qui n’est que contingent. En 1941 les Allemands étaient les forts et les Russes les faibles. Trois ans plus tard, la situation s’était totalement renversée.
Deuxièmement parce que s’il existe une loi fondamentale de la nature, c’est celle qui force chaque être vivant à préserver son existence, coûte que coûte. La fatalité n’existe pas chez les animaux, qui luttent instinctivement avec toutes leurs forces pour défendre leur vie face aux dangers et prédateurs. Même un pauvre rat, acculé dans une alcôve face à une foule armée, va sauter sur ses agresseurs pour sauver sa vie. Comme ce petit rat, comme ces Na’vis de Pandora, nous sommes seuls face à une foule d’ennemis déterminés, et notre génome nous commande de ne pas abandonner, de ne pas céder à la fatalité parce qu’il n’y a rien d’écrit, si ce n’est l’histoire des peuples qui refusent de ne plus exister.
Source : Déclinisme
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