Une tribune de l’écrivain et journaliste André Bercoff publiée aujourd’hui dans Le Monde :
Ce multiculturalisme de pacotille, brandi en étendard depuis quelques décennies par les “collabobos” de la gauche Marrakech et de la droite isolationniste, a fait assez de ravages pour que l’on n’y mette point désormais le holà. Non, tout ne se vaut pas et tout ne peut pas se permettre, au nom du soi-disant respect de l’oppression séculaire transformé en valeur par un relativisme civilisationnel qui n’est, on le sait, que l’hommage putride rendu par la lâcheté à l’absolutisme.
Le fait que des hiérarques du Parti socialiste prennent position contre une loi interdisant la burqa dans l’espace public, en dit long sur la dégénérescence d’une certaine gauche qui n’appuie les opprimés que quand l’Occident est l’oppresseur, laissant les dictatures mutiler leur propre peuple dans une impunité toujours présente.
Et que dire des anciennes féministes du Mouvement de libération des femmes (MLF) et des militants homosexuels, qui restent muets quand une jeune fille est vitriolée dans une cave d’immeuble parce qu’elle n’a pas fait le bon choix, ou quand un jeune se fait régulièrement tabasser parce qu’il n’adopte pas le machisme de la cité ? Assourdissant silence du camp du Bien.
Mais sortons des cités. Qui, en 2010, proteste quand, dans une grande ville du Nord, des piscines municipales acceptent des horaires réservés aux femmes et d’autres aux hommes ? Qui réagit quand des gynécologues masculins se font agresser parce qu’ils osent examiner une femme ?
Qui ose bouger quand, dans un train de banlieue, six courageux encapuchonnés massacrent un étudiant qui leur paraissait un peu trop bourgeoisement vêtu ? Et dire que certains sociologues bien dressés assimilent cette “incivilité” à la lutte des classes… (…)
Si notre continent est appelé à devenir un appendice vassalisé du Talibanistan, il n’y a effectivement qu’à laisser faire. Est-ce vraiment ce que veulent les hiérarques d’un parti qui ose se dire socialiste ? Quant aux autres, ceux qui ont la naïveté de croire encore à liberté-égalité-fraternité-laïcité, il leur reste un seul devoir : celui de résistance.
Source : Le Monde – (merci à Noop)