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La Chine est devenue le premier exportateur mondial selon les statistiques de Pékin. Loin du discours officiel sur l’insertion de la Chine dans la mondialisation, Laurent Pinsolle montre que la Chine ne prend du libéralisme que ce qui l’arrange et souhaite une réaction de l’Union européenne.

La plupart du temps, la réussite économique chinoise est présentée comme une preuve de l’efficacité du libéralisme. Mais si la Chine profite du libéralisme des autres, sa réussite est davantage la conséquence de son dirigisme économique et de son patriotisme sourcilleux.
Un modèle pas si libéral
La première clé de la réussite de la Chine est tout simplement le rattrapage économique. Comme beaucoup d’autres pays asiatiques avant elle, l’Empire du milieu profite tout simplement du transfert de technologies des pays développés, qui, en augmentant la productivité, permet le développement. En fait, le modèle chinois ressemble à s’y méprendre aux modèles japonais ou coréens. Et comme pour les deux autres miracles asiatiques, la libéralisation est partielle et pragmatique.

La Chine est patriote et pragmatique. Elle n’a pris du libéralisme que ce qui la sert. Malheureusement, ce comportement est porteur de déséquilibres majeurs pour l’économie. Les États-Unis, dépendants de son argent, ne peuvent pas y faire grand-chose. C’est donc aux pays européens d’agir !

En effet, si la Chine accepte l’économie de marché, elle refuse toujours de laisser flotter sa monnaie et préfère garder la maîtrise de sa valorisation, de manière à éviter qu’en s’appréciant de manière incontrôlée, elle ne finisse par freiner ses exportations. Tout le contraire de l’Europe qui assiste de manière volontairement impuissante à la montée de l’euro, alors que cette hausse amplifie le mouvement naturel de délocalisations vers les pays à bas coûts de production.
De même, la Chine n’a toujours pas complètement libéralisé les mouvements de capitaux, consciente qu’une liberté totale est porteuse de déséquilibres majeurs, comme l’a montré la crise économique qui a frappé l’Asie à la fin des années 90. En effet, l’afflux de capitaux étrangers peut provoquer des bulles dévastatrices et leurs mouvements anarchiques peuvent déstabiliser gravement une économie, comme l’a montré le cas de la Corée du Sud à cette époque notamment.
Enfin, si la Chine profite de l’ouverture commerciale des autres pays, elle adopte une attitude pragmatique sur son marché. Pour l’automobile, elle a monté les droits de douane à environ 100% au début des années 90 pour forcer tous les constructeurs à construire des usines d’assemblage. Puis, elle a monté les droits de douane sur les pièces détachées de manière à imposer la construction d’usines de pièces détachées, créant ainsi une industrie automobile en peu de temps.
Mieux, la Chine a également imposé aux constructeurs des partenariats avec des entreprises locales. Il était impossible à un constructeur occidental de posséder à 100% son usine ! Au mieux, il pouvait espérer 51%. Ainsi, la Chine a contraint les grands constructeurs à former leurs concurrents locaux, qui n’ont pas hésité ensuite à recourir à la copie pour leurs premiers modèles. Bref, la Chine mène une véritable politique industrielle et ne recule devant aucune mesure qui va dans son intérêt.
Un modèle porteur de graves déséquilibres
Comme le souligne très justement Nicolas Dupont-Aignan, si les autorités chinoises savent particulièrement bien défendre leurs intérêts, cela est beaucoup moins vrai pour les pays occidentaux. En effet, en acceptant de facto la sous-évaluation du Yuan, nous accélérons le mouvement de délocalisation. Et nous acceptons de jouer un jeu commercial qui est principalement en faveur de la Chine.
Il est vrai que l’on peut comprendre son comportement. Beaucoup de pays émergents ont été traumatisés par les interventions du FMI qui leur demande de faire l’exact inverse de ce que font les grands pays occidentaux aujourd’hui, à savoir réduire les dépenses. Et, fruit de son histoire, la Chine refuse toute immixtion étrangère dans sa politique. Le meilleur moyen de protéger sa souveraineté est donc d’accumuler des surplus commerciaux colossaux pour ne pas avoir besoin des marchés.
Le problème est que ce comportement créé des déséquilibres majeurs dans l’économie mondiale. La violence des délocalisations provoque une montée du chômage déstabilisante pour les économies dites développées. Et ce surplus financier compense la consommation à crédit des États-Unis, repoussant les ajustements nécessaires à la première puissance économique mondiale. En outre, le duopole Chine-États-Unis a créé un système complètement instable.
L’Europe, en revanche, pourrait agir car elle ne dépend pas de la Chine pour se financer, et le montant colossal de l’excédent commercial chinois (150 milliards) fait que nous sommes en position de force pour réclamer un rééquilibrage de nos relations économiques. Malheureusement, par dogmatisme néolibéral, les dirigeants européens ne sont pas prêts à une telle évolution. Pourtant, la relocalisation d’un certain nombre d’industries serait un vrai plus pour la croissance.
Marianne
(Merci à Pakc)

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