La liberté d’expression est menacée, selon un sondage réalisé chez les auteurs et artistes danois.
Près de la moitié –47%– des auteurs, dessinateurs, directeurs de galeries et de musées du Danemark estiment que la liberté d’expression est menacée, révèle un sondage quatre ans après la publication dans un grand quotidien du pays de caricatures du prophète Mahomet.
Une personne sur huit indique avoir renoncé à un ou plusieurs projets de crainte notamment de blesser les sentiments ethniques ou religieux, selon cette enquête de l’institut d’analyse Kaas & Mulvad, auprès de 654 membres d’associations culturelles danoise et dont environ la moitié a exigé de garder l’anonymat. (…)
(ci-haut: des manifestants musulmans à Londres sortis dans la rue pour protester contre les caricatures de Kurt Westergaard avec des affiches explicites qui appellent au meurtre de ceux qui insultent l’Islam)
56% des sondés affirment craindre d’offenser les gens en raison de leur origine ethnique et 53% redoutent de bafouer leurs sentiments religieux.
Karen Schultz, femme-écrivain et débatteur connu, a confié avoir cédé à l’autocensure, craignant menaces et représailles si elle exprimait ses pensées dans les médias, notamment sur les questions d’intégration. “Il y a des articles que j’ai envie d’écrire, mais je ne le fais pas (…) car j’ai peur pour ma peau et pour la sécurité de mes enfants”, a-t-elle déclaré à Ugebrevet A4.
L’artiste Mette Lind a indiqué à l’AFP qu’elle n’osait pas réaliser une peinture critique sur le voile musulman. “Je n’ai pas peur des musulmans, j’ai vécu parmi eux et je les connais. J’aurais surtout peur que personne n’ose exposer une oeuvre provocante par crainte de réactions négatives” [elle s’auto-censure par peur de la censure…].
Kurt Westergaard, l’auteur d’une caricature très controversée de Mahomet et qui a échappé le 1er janvier à un attentat, a déclaré au tabloïd BT avoir été “très attristé” par les résultats de l’enquête. “L’autocensure est très dangereuse” a-t-il dit en rappelant qu’il en avait été victime. “J’ai vu des galeries qui n’osaient pas exposer mes dessins, même s’ils n’ont rien à voir avec Mahomet, l’islam ou le terrorisme”.
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