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Chaque dimanche, afin que chacun puisse mieux connaître le déroulement de l’année liturgique en comprenant la signification du temps liturgique dans lequel on se trouve et en découvrant les plus importantes des fêtes de saint que l’on célèbre chaque jour, Fdesouche.com donne la parole à un homme d’Eglise.
Notre objectif à travers cette opération n’est pas de faire du prosélytisme mais de permettre aux lecteurs de connaître et de comprendre la religion dont la France est “la fille ainée”.
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17 janvier : Deuxième dimanche après l’Epiphanie
21 janvier : sainte Agnès

Par le Père Augustin

17 janvier : Deuxième dimanche après l’Epiphanie
L’Epiphanie, ou « manifestation » du Sauveur, marque trois célébrations : la venue des mages à Bethléem, le baptême du Christ dans le Jourdain et l’eau changée en vin à Cana.
Nous avons beaucoup parlé des Mages. Reste à comprendre le baptême du Christ – dont on a fait mémoire le 13 janvier dernier, huit jours après la fête de l’Epiphanie (6 janvier) et les noces de Cana (que l’on évoque dans la liturgie du Deuxième dimanche après l’Epiphanie, aujourd’hui donc).

Le baptême du Christ (13 janvier) est d’abord ce moment où une voix venue du Ciel manifeste que le Père reconnaît que cet homme Jésus est un personnage divin : « Celui-ci est mon fils bien aimé, en qui j’ai mis mes complaisances. Ecoutez-le ». Cette reconnaissance coïncide avec le très ancien rite du « baptiseur ». Sur la demande expresse de Jésus, Jean le baptiseur le « lave » (c’est le sens de baptizo en grec) : le Messie est alors plongé dans l’eau. Ce geste est l’occasion d’une manifestation divine (théophanie), comme plus tard le geste des prêtres, baptisant enfants et adultes, est l’occasion d’un cadeau extraordinaire : la vie de Dieu donnée aux hommes.

« Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » dit l’Evangile de Marc. « Nul, s’il ne naît de nouveau de l’eau et de l’Esprit ne peut entrer dans le Royaume des Cieux » dit le Christ en saint Jean. Ces phrases fortes suscitent beaucoup de questions. Il y a des réponses très fines sur la nécessité du baptême pour le salut. Mais ce n’est pas le lieu de les développer.
Les noces de Cana, dont nous lisons l’Evangile ce dimanche, doivent être comprises dans la même perspective que le baptême du Christ : celle de la manifestation de Dieu. Etant présent à un mariage, sur une intervention de Marie sa mère qui s’aperçoit que les amphitryons vont manquer de vin, le Christ change l’eau en vin. Il faut comprendre la signification de ce premier miracle. Un détail peut nous y aider : où se trouve l’eau ? « Il y avait là six jarres qui servaient aux purifications des Juifs ». Jésus dit : « Remplissez d’eau ces jarres ». Le changement de l’eau en vin signifie le passage de l’ancienne alliance (les purifications des Juifs) à la nouvelle, qui justement est placée, en un autre passage, sous le signe du vin, Jésus disant à ses apôtres : « Je ne boirai plus avec vous du fruit de la vigne jusqu’à ce que je le boive, nouveau, dans le Royaume de mon Père ».
Comment caractériser la nouvelle alliance ? Est-ce une expérience spirituelle, que certains auraient (les Born again de l’évangélisme américain par exemple) et que d’autres n’auraient pas, ceux qui n’ont pas (encore) pris conscience de la nécessité de leur baptême ? – Non, la nouvelle alliance n’est pas d’abord une expérience spirituelle donnée à certains et pas à d’autres. La meilleure preuve ? Le baptême des petits enfants, qui n’ont aucune expérience psychologique, mais qui, par l’intermédiaire de leurs parrain et marraine, reçoivent le don de Dieu, même s’ils n’en ont pas conscience. On peut prouver aujourd’hui que la toute primitive Eglise a baptisé les petits enfants. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’âge pour initier la transformation la plus importante de notre vie. Dans la Nouvelle alliance, l’homme reçoit un statut nouveau et une nouvelle dignité, un nouvel être. Il se définissait simplement comme un animal plus ou moins raisonnable. Il devient un fils ou une fille de Dieu, il reçoit la vie de Dieu, non pas une vie biologique, mais une vie qui se manifeste, nous y reviendrons, dans les trois vertus de foi, d’espérance et de charité et qui se prolonge dans une participation aimante et éblouie à l’éternité divine.
Cette métamorphose de l’homme définit le christianisme tout entier. Le christianisme est la religion de cette métamorphose, que l’on peut appeler « salut » ou « conversion ». Le miracle de Cana, le changement de l’eau en vin opéré par le Christ, est la métaphore de cette métamorphose.
Le 21 janvier : sainte Agnès
Sainte Agnès est une petite romaine de treize ans. Elle a été martyrisée en 303 dans le Cirque de Domitien qui est devenu la Place Navone, au milieu de laquelle s’élève aujourd’hui Saint Agnès in Agone, le superbe édifice de Borromini, qui vient de subir une somptueuse restauration et qui est aujourd’hui un rendez-vous de la jeunesse catholique de Rome. Son martyre a été raconté en 375 par saint Ambroise, célèbre évêque de ce qui était alors la Capitale de l’Empire romain : Milan.
Sainte Agnès avait été demandée en mariage par le fils du Préfet de Rome. Elle refusa, en parlant de son Epoux divin. Nous sommes au milieu des sévères persécutions de Dèce. Le Préfet dont le fils a été ainsi rebuté, n’a pas de mal à dénoncer Agnès comme chrétienne et à la juger. Il la condamne d’abord à être enfermée dans une maison de passe. Avec une passion bien féminine dans son assurance, la jeune fille déclare : « Depuis longtemps je suis fiancée à un Époux céleste et invisible; mon coeur est tout à Lui, je Lui serai fidèle jusqu’à la mort. En L’aimant, je suis chaste; en L’approchant, je suis pure; en Le possédant, je suis vierge. Celui à qui je suis fiancée, c’est le Christ que servent les Anges, le Christ dont la beauté fait pâlir l’éclat des astres. C’est à Lui, à Lui seul, que je garde ma foi ». Evidemment les clients ne se pressent pas autour d’elle… Elle est alors livrée au supplice, et ce supplice, c’est son combat, comme l’exprime le titre de la belle église que les Romains ont bâti sur les lieux mêmes de son martyre : Sainte Agnès in Agone. On aurait tort de traduire : « en agonie ». En grec, agôn c’est le combat et, dans une tragédie de Sophocle ou d’Euripide, l’affrontement ultime des protagonistes.
Chacun est frappé de son assurance devant la mort. Ambroise s’écrie, prêchant déjà un 21 janvier en l’année 375 : « Les filles de cet âge ne peuvent soutenir le regard irrité de leurs parents, une piqûre d’aiguille les fait pleurer, comme si c’était une blessure ; Agnès, intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux, immobile au milieu des lourdes chaînes qu’on tire avec fracas, offre tout son corps à la pointe du glaive que le soldat brandit contre elle avec fureur ».
Chose un peu compliqué à comprendre pour nous aujourd’hui : les martyrs sont des héros, qui triomphent de la mort en l’affrontant les yeux ouverts. A travers ces récits de martyres, soulignons aussi que, cette fois, comme souvent d’ailleurs, les chrétiens rendent hommage à l’héroïsme d’une femme, ou plutôt d’une petite jeune fille, dont la force d’âme attendrit.
Le nom Agnès renvoie évidemment à « agnus », l’agneau, la victime d’un sacrifice. Mais il provient plus probablement du grec agnos qui signifie pur et chaste.

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