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Les établissements spécialisés ont octroyé seulement 38 milliards d’euros de crédit, soit 13,3 % de moins qu’en 2008.
Jamais un tel effondrement n’avait été constaté en quarante-cinq ans.

« Une décrue d’une ampleur sans précédent en quarante-cinq ans. »
Les spécialistes du crédit à la consommation, convoqués à Bercy avec les banques le 10 février pour signer de nouveaux objectifs de financement de l’économie, pouvaient difficilement venir avec un plus mauvais bilan.

Pour 2010, l’horizon n’est pas plus clair. « La consommation des ménages reste la grande inconnue », indique la présidente de l’ASF.

Les établissements spécialisés aidés par l’État (en particulier RCI Banque, PSA Finance, ainsi que le CIF et GE) s’étaient engagés à augmenter leurs encours de crédit de 3 à 4 %. Au final, les spécialistes du crédit à la consommation, aidés ou non par l’État, n’ont accordé que 38 milliards d’euros en 2009, soit 13,3 % de moins qu’en 2008 ; année déjà en recul de 2,4 %, selon les chiffres publiés hier par l’ASF, l’association française des établissements de crédit spécialisés.
Un baromètre qui vaut pour toute la place. En matière de crédit à la consommation, les adhérents de l’ASF représentent environ 60 % du marché.
Les établissements de crédit se défendent d’avoir voulu fermer les vannes. « La baisse chiffrée de la production traduit avant tout une baisse de demande des ménages. C’est une année charnière. La production des spécialisés est directement corrélée à la courbe de la consommation. Ce ne sera pas sans conséquence sur leur modèle et leurs produits, » indique Françoise Palle-Guillabert, sa présidente.
Un revers sur le crédit revolving
La chute d’activité amorcée à l’automne 2008 (- 10,2 % sur un an) s’est accélérée jusqu’au printemps 2009, passant de -12,4 % à -18,7 %. Le ralentissement de la baisse observé depuis l’été n’aura pas permis de renverser la tendance. Les spécialisés ont subi un revers sur le crédit le plus distribué, le crédit renouvelable, celui que le projet de loi du gouvernement veut justement encadrer pour sécuriser les emprunteurs. Un peu plus de 15 milliards d’euros de crédits revolving ont été octroyés soit 11,2 % de moins qu’en 2008.
Deuxième type de crédit le plus distribué, avec 11,1 milliards accordés, les financements automobiles (et autres prêts affectés) ne régressent que de 6,8 %. Le plus fort recul revient aux prêts personnels, en chute de 22,8 % (8,8 milliards d’euros).
Des chiffres qui vont apporter de l’eau au moulin des établissements de crédit, qui refusent de s’engager sur de nouveaux objectifs de croissance des encours de prêts. Et qui les dressent vent debout contre le projet de loi sur le crédit à la consommation. « Ce projet va multiplier les obstacles au crédit sur le lieu de vente. L’accès sera rendu plus difficile. Le crédit à la consommation est un moteur de croissance qui doit être bien maîtrisé. Il faut être très attentif aux dispositions introduites par le législateur, » indique Françoise Palle-Guillabert.
De fait, affiché encore comme la première des priorités il y a quelques semaines par le gouvernement, le projet de loi, dont l’examen a débuté au printemps dernier au Sénat, n’est toujours pas à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale pour une première lecture. Il ne pourrait revenir au vote qu’après les élections régionales…
Les Échos

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