Petit changement : désormais, l’Eglise Virtuelle ne sera plus diffusée uniquement le dimanche mais au fil de la semaine.
Par le père Augustin
Ce terme barbare signifie : 70. Nous sommes à soixante dix jours de la fête de Pâques. Et déjà, dans l’ordonnance des cérémonies, le décor change. La couleur de ce dimanche est le violet. A la messe, le chant de jubilation qu’est le Gloria (le chant des anges dans la nuit de Noël) est supprimé. Dans un livre récent publié aux éditions du CNRS, Philippe Martin parle du théâtre divin. La liturgie, c’est un peu cela ! Lorsqu’on change la couleur du décor, on dit quelque chose sur ce qui se passe dans le cœur de l’Eglise.
Les trois dimanches qui viennent et que l’on appelle les dimanches de la Septuagésime, de la Sexagésime et de la Quinquagésime (tous trois supprimés on ne sait pourquoi dans la liturgie rénovée) sont très riches en textes.
L’évangile lu aujourd’hui est la parabole des ouvriers de la Onzième heure. Son thème ? Imaginez des journaliers qui se font embaucher pour les vendanges. Un juste salaire est conclu entre le patron et ses ouvriers : un denier par jour, 12 heures de travail. Et pourtant le patron continue à embaucher, à la troisième, à la sixième, à la neuvième et même à la onzième heure du jour. Quand vient le soir, le responsable, selon l’ordre du maître, fait mettre tout le monde en rang, en commençant par les derniers arrivés. Ils reçoivent un denier, le prix convenu pour une journée de travail. Ceux qui ont commencé dès le matin et qui ont « supporté le poids du jour et de la chaleur » s’attendent à être payé davantage. Et pourtant, ils reçoivent eux aussi un denier.
Comment comprendre cette parabole ?
On peut voir dans les premiers arrivés à la Vigne le peuple juif et dans les derniers les « païens » devenus chrétiens… avec l’inévitable jalousie qui naît entre les deux groupes.
On peut aussi considérer que dans la vie, il y a des ouvriers de toutes les heures, de la première à la dernière, et que tous seront rétribués de la même façon. L’essentiel dans le Royaume de Dieu n’est pas la quantité (humaine, trop humaine), le stakanovisme… Non l’essentiel c’est le cœur avec lequel on saisit la grâce lorsqu’elle est donnée. Dans cette arithmétique là un instant d’amour parfait vaut toute une vie…
Cette vérité est dérangeante. C’est elle qui fonde le pari de Pascal. L’idée de Pascal est simple : mieux vaut ne serait-ce qu’un instant de qualité plutôt qu’une quantité d’instants vides de sens. Eric Rohmer a admirablement compris et orchestré ce thème au cinéma, en particulier dans Ma nuit chez Maud.