L’armée turque, longtemps considérée comme l’épine dorsale du régime laïc mis en place par Ataturk, est en pleine zone de turbulences: louée pour ses missions à l’étranger, elle a vu son image ternie par les allégations de complot en vue de renverser le gouvernement issu de la mouvance islamiste.
L’élite militaire des “Pachas”, ainsi nommée en référence au titre honorifique utilisé depuis l’époque de l’Empire ottoman, ne serait plus intouchable, à en juger par les peines de prison prononcées contre certains d’entre eux.
L’armée turque, qui a renversé quatre gouvernements depuis 1960, était en effet considérée comme la détentrice réelle du pouvoir dans la République strictement laïque fondée par Mustafa Kemal Ataturk sur les décombres de l’Empire ottoman.
Une petite révolution est donc en cours dans le pays, depuis que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s’en est pris au pouvoir des militaires pour satisfaire aux demandes de l’Union européenne. Dans l’optique d’appuyer la candidature de son pays à l’UE, M. Erdogan a récemment proposé une série de nouvelles mesures en ce sens.
Lassée de la menace permanente de troubles fomentés par l’armée, la population turque a soutenu les orientations pragmatiques et modérées du gouvernement AKP, issu de la mouvance islamiste, favorable aux milieux économiques, pendant les sept dernières années.
Ironiquement, le déclin de l’influence de l’armée en Turquie survient alors qu’elle joue un rôle de plus en plus important sur la scène internationale. En décembre, la Turquie, seul pays musulman membre de l’Alliance atlantique, a pris le commandement de l’opération de maintien de la paix de l’OTAN en Afghanistan.
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