La Banque centrale russe avait annoncé qu’elle voulait diversifier davantage les réserves monétaires du pays et elle est passée à l’action : entre le 1er janvier 2009 et 1er janvier 2010, la teneur en or dans ses réserves est passée de 1,7 point de pourcentage à 5,1%. La valeur de l’or dans ses réserves est passée de 14,533 milliards de dollars pour atteindre actuellement 22,382 milliards de dollars.
Sur le seul mois de décembre elle a acheté 800 000 onces d’or, un montant sans précédent en un seul mois, si bien que maintenant 20,5 millions d’onces se trouvent dans son coffre-fort. Sur 12 mois la Russie a augmenté ses réserves monétaires de 427,080 milliards de dollars à un total de 439,034 milliards, ce qui la place à la troisième place des pays ayant le plus de réserves dans le monde.
Malgré la forte augmentation de la proportion d’or dans ses réserves, la part est encore relativement faible et donc susceptible d’augmenter encore. Aux États-Unis, en Allemagne, en Italie et en France, la part de l’or dans les réserves est supérieure à 60% (Source : WGC). Les pays en ayant une faible part sont la Chine (1,5%), le Japon (2,4%), l’Inde (6,4%) et Taïwan (4,1%).
A côté de la Russie, la Chine et l’Inde ont également augmenté fortement leurs réserves d’or en 2009, l’Inde même en janvier 2010. La moyenne mondiale de la part de l’or dans les réserves monétaires, tout pays confondus, ressort à 10,2%. Mais les pays d’Asie et la Russie ont toujours un grand retard par rapport à l’Europe et à l’Amérique.
Les achats d’or des banques centrales montrent, de toute évidence, qu’une nouvelle phase du système monétaire mondial a commencé. Les pays avec des réserves monétaires élevées s’éloignent du dollar américain. Le dollar ainsi que la livre sterling sont menacés d’une dévaluation de leur notation AAA, le yen d’un déclassement de l’estimation AA.
L’euro est également affecté par la dégradation de la note de la Grèce et d’une correction menaçant d’autres membres de la zone euro. Les autres monnaies sont insignifiantes dans les réserves monétaires mondiales.
Par contre, le métal précieux n’est pas une monnaie de papier et est noté AAA. Le comportement des banques centrales indique l’importance monétaire croissante de l’or dans le monde entier. Pour la première fois depuis une décennie, en 2009, les banques centrales ont acheté plus d’or que ce qu’elles en détenaient.
Conclusion : la proportion élevée du dollar américain avec presque 65% des réserves monétaires mondiales en 2009 pourrait tomber cette année à 60% voire même en dessous. Les banques centrales continueront à diversifier leurs réserves monétaires et à réduire la part en dollars en faveur des métaux précieux.
(*) Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d’expérience des marchés et de l’économie. Vous pouvez retrouver ses analyses sur le site Faire Search.
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