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Témoignage d’une jeune enseignante dans un collège concernant “l’heure de vie de classe” qui est imposé aux professeurs principaux. (Lu sur le site de Daniel Faivre, professeur de Français à la retraite qui anime un blog consacré à l’école :  Observatoire du laxisme à l’école)
Je déteste cette heure de vie de classe imposée aux professeurs principaux par une hiérarchie qui se veut à l’écoute des élèves. Encore que mon principal ne manque pas d’autorité et la municipalité de Nanterre, communiste ancien style, non plus. Mais, obligation de service oblige. Et cette heure est censée libérer la parole des jeunes.
Libérer de quoi ? d’une oppression de qui ?
Ainsi voit-on l’école, comme un lieu où s’exercerait un pouvoir répressif sur de pures et fraîches sensibilités ! Cette vision rousseauiste heurte tout ce qui est à l’origine de ma vocation, un désir de transmettre et non de soumettre.
Prétextant l’urgence pédagogique d’une remise à niveau, j’avais toujours reporté l’heure fatidique, au grand dam de mon administration et surtout des élèves, pressés de massacrer mes collègues et de révéler des secrets. Ce matin de décembre je dois céder à l’injonction du principal adjoint, tout heureux de remplacer ainsi un prof malade : « faites surtout prendre conscience aux gravement punis… »
Installés, les regards malicieux de mes élèves-ils connaissent mes réticences pour ce défouloir – tous d’origine maghrébine ou africaine, me guettent, amusés. Après un bref coup d’œil sur les sanctions du premier trimestre, j’interpelle le plus gravement puni ( Mamadou, 2 jours d’exclusion).
– as-tu pris conscience de la gravité de tes actes ?
M’dame, j’ai juste dit à la prof de gym qui m’prenait l’chou, « Suce-moi l’cul ! ».
Explosion bruyante d’une hilarité générale ! Je me contiens difficilement, ils le sentent, les rires redoublent. Je dois absolument me contrôler, pour ma collègue, pour moi, quelle honte de devenir complice ! Mais comme de bien entendu, la lutte est inégale, c’est le rire qui gagne !
Du coup je suis devenue la parfaite démagogue à mon corps défendant…
[…] Dans Rebel Without A Cause, James Dean, en pleurs, tente désespérément de redresser son père, devenu chiffe molle, pour qu’il soit un homme. Dans toutes ces provocations collégiennes n’y a-t-il pas au fond une demande, elle aussi désespérée, d’Autorité ?
source : observatoire du laxisme à l’école

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