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Par le Père Augustin

Le compte à rebours avant Pâques est commencé : plus que 60 jours. Deux mois. Une paille.
En France dans beaucoup d’endroit, on reprend (on solennise) aujourd’hui la fête de la Chandeleur (2 février). Et pourtant ce dimanche de la Sexagésime est particulièrement remarquable, par les textes qu’il met sous nos yeux.
L’épître de saint Paul tout d’abord : c’est une extraordinaire apologie du personnage, qui, en même temps qu’il nous raconte sa vie d’aventurier de Dieu, nous dévoile les ressorts profonds de sa spiritualité. Je n’emploie pas le terme de « ressort » pour rien. Pour ceux qui manqueraient de ressort en ce moment, lisez ce texte de la Deuxième Epître aux Corinthiens, chapitre 11 et 12. Saint Paul se confesse à ses chers Corinthiens qui le mettent en colère. Il avoue qu’il est lui-même en proie aux tentations, comme nous tous (« une écharde dans la chair ») et peut-être plus qu’un autre (« un ange de Satan pour me souffleter »), mais c’est pour ajouter aussitôt : « C’est de mes faiblesses que je me glorifierai car la Puissance de Dieu triomphe dans ma faiblesse ». Merveilleux renversement de situation. C’est toute la puissance de saint Paul de transformer l’obstacle en moyen… par la puissance de Dieu. Je dirais : c’est tout ce qui fait que l’éthique chrétienne, en son fond, n’aura jamais rien à voir avec un prêchi-prêcha pour enfants sages. Nietzsche dit très bien, et cela s’applique tout à fait à ce texte et à saint Paul : « Le christianisme devient superflu dès que les moyens extrêmes cessent d’être nécessaires. Alors tout devient faux, toute perspective chrétienne devient tartuferie et grandiloquence » (la volonté de puissance t. 2, 3ème partie, n°139).
Peut-on dire que cet extrémisme chrétien vient de saint Paul et non du Christ ? Pas du tout. Le Christ crucifié, c’est un moyen extrême. C’est pour cela d’ailleurs que le même Nietzsche appelle le Christ crucifié « le plus sublime de tous les symboles » (ibid. n°148). Produire la vie – et la vie éternelle – par la mort, cela représente la solution extrême de ce drame extrême de l’homme, s’il n’est rien d’autre qu’un « être pour la mort ».
L’Evangile va dans le même sens en dénonçant la superficialité de ceux qui reçoivent la parole de Dieu dans une terre sans profondeur : « ceux qui reçoivent la parole de Dieu avec joie quand ils l’entendent, mais qui n’ont pas de racines. Ceux là ne croient que pour un temps. A l’heure de la tentation, il font défection ».

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