Par le Père Augustin
Fondateur avec son ami Félix de Valois de l’ordre des Trinitaires pour le rachat des captifs, Jean est Provençal. Jeune encore, il est monté faire des études à Paris, ce qui signifie qu’il sera prêtre. L’archevêque de Paris Maurice de Sully a remarqué le jeune homme, mais lui, juste après son ordination sacerdotale, décide de partir vivre en ermite pour mûrir une intuition et un rêve qu’il a eu.
Il s’est vu, le jour de sa première messe, bénissant deux captifs, l’un Franc et l’autre Maure. On sait que la piraterie algéroise fait des ravages sur les côtes chrétiennes, dont Jean est originaire. Après avoir prié pendant deux ans, il décide de fonder un ordre religieux, l’ordre de la Sainte Trinité pour le rachat des captifs.
Objets de cet ordre étonnant ? Quêter et rassembler de l’argent pour racheter les prisonniers vendus comme esclaves par les pirates musulmans. Il est prévu que les moines pourront se donner eux mêmes en rançon pour racheter leurs frères. Le fait qu’un ordre ait été fondé, qui fonctionna parfaitement pendant des siècles pour poursuivre son rôle humanitaire, marque l’ampleur du phénomène dont l’historien Jacques Heers de nos jours s’est fait le chroniqueur attentif (cf. Les Barbaresques, Course et guerres en Méditerranée XIVème XVIème siècle éd. Perrin 2001, coll. Poche Tempus 2008). Parmi les bénéficiaires de l’œuvre des Trinitaires, citons l’écrivain espagnol Cervantès, esclave à Alger entre 1575 et 1580, libéré par Fray Juan Gil, procureur général de l’ordre de la Sainte Trinité, après quatre tentatives d’évasion.