Fdesouche

Guy Verhofstadt, président du groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux au Parlement européen et ancien premier ministre belge, condamne en termes virulents le débat sur l’identité nationale en France. Il estime que l’Europe à besoin d’une France, «pays ouvert et solidaire, qui s’est forgée une identité plurielle et universelle».

Pour ses voisins, la France a souvent été un modèle d’inspiration et d’admiration, par l’intensité et la portée universelle des débats intellectuels dont elle a le secret. Elle est source d’accablement pour ses amis qui la voient se perdre dans une polémique stérile sur l’identité nationale.
L’opportunité politicienne de ce débat, sa conduite hésitante et ses finalités floues donnent en effet l’impression désastreuse que la France a peur d’elle-même. Il y a décidément quelque chose de pourri en République française.
(…) censé contrer le Front national, le débat sur l’identité nationale a au contraire remis les thématiques d’extrême droite au premier plan. Ensuite, sa conduite a fait défaut : faute de consensus politique au sein même de la majorité présidentielle, ces discussions de sous-préfecture et le site dédié sont devenus un défouloir au remugle vichyste. Enfin, quelles sont les finalités de cette affaire ? Apprendre La Marseillaise à l’école ? L’absurde le dispute au grotesque. (…)

Cette crispation sur les symboles nationaux est le symptôme le plus patent du malaise national transpirant à travers ce débat raté. C’est un réflexe de peur incompréhensible quand on connaît le poids et l’influence de la France en Europe et dans le monde. Tous les pays ont des problèmes d’immigration, les ex-pays coloniaux plus que les autres, mais nous savons bien que c’est moins l’islam qui pose problème que le manque de formation et le chômage.
Pour un voyou d’origine africaine ou un Maghrébin islamiste qui affuble sa femme d’une burqa, combien de jeunes issus de l’immigration parviennent à s’insérer et à vivre de leur travail dans nos sociétés ? L’immense majorité. Ce serait une insulte à l’avenir national si ce débat sur l’identité devait conduire à stigmatiser des couches de la population à cause des comportements individuels d’une minorité agissante, dont le cas relève de la police et de la justice.
Lorsque la France a remporté la Coupe du monde de football, je ne me souviens pas, bien au contraire, que les Français aient eu à se plaindre des capacités sportives que donnait à leur pays sa diversité ethnique et culturelle. C’est de cette France-là que l’Europe a besoin, un pays ouvert et solidaire, qui s’est forgée une identité plurielle et universelle. (…)
Au moment où l’on célèbre le 50e anniversaire de la mort de Camus, il serait paradoxal que la France s’abandonne à une posture étrangère à celle qui a fait sa réputation multiséculaire. Il existe certes une autre France, maurrassienne, chauvine qui ne s’est pas illustrée au mieux lors des grands chocs nationalistes du XXe siècle. Mais de la France qu’on aime et dont on a besoin, on attend des idées, des projets, et non pas le repli identitaire d’une vieille nation frileuse, plus occupée à ressasser les échecs du passé qu’à préparer ses succès de demain.
Le légitime respect dont jouit toujours la France hors de ses frontières est un gage de reconnaissance précieux et un point d’appui pour redonner confiance aux Français. Un peuple confiant trouvera sa place dans l’Europe et le monde. Et ses gouvernants seraient bien inspirés d’en prendre conscience.
Source : Le Monde (Merci à Erwan)

Fdesouche sur les réseaux sociaux