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Luc Beal-Rainaldy est inspecteur du travail et secrétaire national de la FSU au ministère du travail. Réagissant aux dispositions concernant les salariés clandestins dans l’avant-projet de loi sur l’immigration, il fait un constat lucide sur cette situation. Il n’en préconise pas moins de prévoir une possibilité de régularisation.

Addendum : Manifestation de travailleurs clandestins samedi 13 février à Paris jusqu’au siège du Medef (patronat) pour réclamer son appui afin d’obtenir la régularisation de travailleurs sans-papiers. «(…) Nos intérêts se rejoignent, arrêtons l’idéologie et traitons cette question économique» a déclaré Francine Blanche, dirigeante confédérale de la CGT. (Source)

Comment expliquer le recours de travailleurs sans papiers par des secteurs économiques ?
Faire appel à des travailleurs sans papiers est une façon de baisser leurs coûts pour des secteurs ne pouvant délocaliser. C’est d’autant plus facile qu’il existe une complicité contrainte entre l’employeur et le salarié sans titre de séjour, ce dernier ne pouvant se plaindre, sauf à perdre son travail ou à prendre le risque d’être reconduit à la frontière.
Le moyen de mettre fin à l’emploi de travailleurs sans papiers dissimulés est de mettre fin à la complicité contrainte entre employeurs et salariés, en prévoyant une possibilité de régularisation pour ces derniers. (…)
Quelles sont les sanctions possibles contre les employeurs et sont-elles appliquées ?
(…) nombre d’affaires sont classées sans suite. Le droit du travail, la délinquance des employeurs n’est pas la priorité des tribunaux correctionnels.

Et même lorsque le parquet décide de poursuivre, de telles condamnations ne sont jamais prononcées, sauf dans des cas extrêmement graves où se pose en plus, par exemple, un problème de logement indécent ou de trafic de main-d’oeuvre. Par ailleurs, le code du travail ne prévoit pas de sanctions pénales propres pour les donneurs d’ordres.
Y a-t-il une volonté politique de combattre ce phénomène ?
Non. Il y a une grande hypocrisie des pouvoirs publics. La plupart des emplois occupés par ces travailleurs ne figurent pas sur la liste des 30 métiers en tension pour lesquels les entreprises peuvent recruter des étrangers non européens sans que leur soit opposée la situation de l’emploi en France. Et dans le bâtiment, le nettoyage, les transports, l’agriculture, le phénomène repose sur la sous-traitance en cascade. Les politiques ferment sciemment les yeux sur cette réalité. Car prendre des mesures drastiques pour mettre à mal ce phénomène reviendrait à s’attaquer à des intérêts économiques très importants. (…)
Qu’apportent les mesures prévues par le projet de loi ?
Ce projet n’aura pas grande incidence sur le phénomène. (…)
Source : Le Monde

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