La crise ? Quelle crise ? Pour les banques, la période reste florissante, si l’on en croit les bilans annuels qui sont tombés ces jours-ci. Au tour de la Société Générale : son Pdg Frédéric Oudéa, qui a pris en mai dernier la succession de Daniel Bouton, a annoncé que sa banque a enregistré l’an dernier un bénéfice de 678 millions d’euros et qu’elle versera 250 millions d’euros de bonus à ses opérateurs de marché en 2010 au titre de 2009.
Frédéric Oudéa a précisé, lors de la conférence de presse de présentation des résultats, qu’il renonçait à son bonus, à ses stock-options et à recevoir des actions gratuites au titre de 2009. Il a ajouté que le conseil d’administration avait entériné ce choix. Il a justifié sa décision par le «caractère exceptionnel» de l’exercice 2009 et le fait que les actionnaires de la banque «ne toucheront les fruits de tout ce que nous avons engagé en matière de transformation qu’à compter de 2010».
Selon la banque, cette somme représente une baisse de 60% par rapport à ce qui se pratiquait «les années précédentes». Quelque 2.600 personnes devraient bénéficier de cette enveloppe de bonus, ce qui représente une rémunération variable moyenne de près de 96.000 euros.
60% des traders à Paris
S’agissant des bonus versés à ses opérateurs, Société Générale précise que «les surtaxes sur rémunérations variables sont déduites de ces enveloppes». La taxe exceptionnelle, imposée par le gouvernement, de 50% pour la partie des bonus supérieure à 27.500 euros, ne sera donc pas supportée par la banque mais par ses opérateurs de marché.
La banque indique qu’en moyenne, 55% des rémunérations variables seront différées sur les trois exercices suivants. Cette partie différée peut faire l’objet de reprises, voire d’«annulation complète», en fonction de critères de performance ; elle a vocation à n’être versée qu’en actions (ou instruments indexés sur le titre Société Générale). Cela signifie qu’outre les 250 millions versés en 2010, environ 300 millions d’euros pourront être versés en 2011, 2012 et 2013 au titre des exercices 2010, 2011 et 2012, sous réserve du respect des critères de performance.
Frédéric Oudéa a souligné par ailleurs que sa banque «a fait le choix de la place de Paris» pour ses équipes de marché, avec 60% de ses effectifs de banque de financement et d’investissement situés dans la capitale française, soit «6.000 emplois directs». «C’est une chance pour la France, c’est une chance pour Paris et en plus elle contribue au budget de l’État», a-t-il soutenu. «Quand on va verser un euro de part variable à nos opérateurs de marché en 2010, il y en a en parallèle environ 2,8 qui vont aller financer nos écoles, nos systèmes de santé à travers nos cotisations sociales», a-t-il fait valoir. Pour Frédéric Oudéa, «la Société Générale a payé la crise et ses erreurs du passé et nous en avons tiré les leçons».
Le Parisien