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La situation des finances publiques des Etats-Unis est bien plus inquiétante que celle de la France, et même de la Grèce, estime Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo Securities.

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Historiquement, observe-t-on un lien entre croissance économique et endettement public ?

Oui, tout à fait. Plus la dette publique est élevée, les efforts d’ajustement (baisses de dépenses et ou des hausses d’impôts) sont importants et plus, au final, la croissance s’en trouve affectée.

Sauf que ce raisonnement suppose des effets de seuil. A partir d’études statistiques sur très longue période, nous montrons qu’à partir d’un taux d’endettement de 90% du produit intérieur brut, il y a un impact négatif significatif aboutissant à une perte de croissance de l’ordre de 1 à 1,5 point par an !

Or il se trouve qu’en 2009, les pays de l’OCDE – et, parmi eux, la France – ont franchi ce seuil. Ce qui me rend très prudent sur les chances d’accélération de la croissance dans les années qui viennent.

Les marchés financiers se sont focalisés sur l’état de santé de certains Etats européens, en particulièrement la Grèce, mais les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne sont-ils pas plus fragiles, au regard de l’emballement du service de la dette ?

C’est le cas. Plusieurs indicateurs de performance des finances publiques montrent, en effet, que les situations des Etats-Unis et du Royaume-Uni ne sont pas meilleures que celles de la France ou de l’Allemagne.

Premièrement, la hausse de la dette des administrations publiques y a été plus forte au cours des deux dernières années.

Deuxièmement, Etats-Unis et Royaume-Uni auront en 2010 un déficit public à deux chiffres, proches de 12% du PIB, contre “seulement” 8% en France et 5% en Allemagne. Enfin, la part des recettes publiques absorbée par le service de la dette est plus élevée outre-Manche et outre-Atlantique que sur le Vieux Continent et suit une trajectoire très inquiétante.

Les fameux déficits jumeaux américains vous inquiètent-t-ils ?

Les Etats-Unis sont extrêmement dépendants de l’appétit des investisseurs étrangers, chinois notamment, pour financer leur colossal déficit public.

A court terme, ce n’est pas un problème, d’autant que le trou de la balance commerciale s’est réduit depuis 2006, mais cela constitue une source permanente de vulnérabilité. Il est clair que le dollar est en sursis.

L’Expansion

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