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Sorties «lessivées» de la crise financière, les banques russes sont loin d’apercevoir le bout du tunnel. Les signaux d’alerte pour 2010 se multiplient alors que la crise de liquidité a été endiguée. Cause principale de ce marasme persistant : le volume des crédits douteux qui ne diminuent pas dans les bilans.

Selon le président de l’Association des banques régionales, Anatoly Aksakov, cette masse atteindrait 15 % du montant total des crédits. German Gref, le patron de Sberbank, évoque même le chiffre de 20 %.

Moscou ne veut pas d’une thérapie de choc qui aurait des effets dévastateurs sur l’économie. Les financiers occidentaux hésitent, eux, à aider un secteur bancaire où l’opacité reste la règle.

«Au cours du premier trimestre 2010, ce problème risque de s’accentuer», pronostique Anatoly Aksakov, qui met en cause les largesses octroyées par les banques à leurs clients insolvables. Il y a un an, au nom de la stabilité sociale, celles-ci avaient prolongé de douze mois supplémentaires les échéances de remboursement. Et ces faveurs pourraient être renouvelées cette année, fragilisant encore la situation financière des établissements.

Aujourd’hui, les banques provisionnent massivement, ce qui diminue leurs capacités à octroyer des prêts. Selon des estimations provisoires de la banque centrale, le volume des crédits a baissé de 1,1 % en décembre 2009, sur un mois. «Si ce volume n’augmente pas en début d’année, il est peu probable que nous assistions à un fort rebond de l’économie», s’inquiètent les analystes d’Alfa Bank.

«L’air n’en sera que plus propre»

Face à l’ampleur du problème, certains dirigeants russes plaident pour un assainissement du secteur, quitte à voir disparaître des centaines d’établissements sur le millier que compte le pays. «L’air n’en sera que plus propre», souhaitait déjà fin 2007 l’ancien vice-premier ministre, Sergueï Ivanov.

Liées pour beaucoup à une seule entreprise, une multitude de banques sont contraintes – sur injonction du gouvernement – à soutenir des canards boiteux. C’est le cas d’Avtovaz Bank, du nom du constructeur automobile en déroute. D’autres, résument les experts, se confondent avec de simples «blanchisseries». Mais la thérapie de choc n’aura pas lieu. Hanté par le souvenir de la crise financière de 1998 qui avait vu des dizaines de milliers de clients faire la queue pour retirer leurs économies, le pouvoir préfère opter pour le statu quo. Moscou estime qu’une réforme radicale aurait des effets dévastateurs sur l’économie du pays.

En réalité, «la bonne approche se situe sans doute à mi-chemin entre ces deux options politiques», estime George Orlov, directeur des institutions financières au siège moscovite de la Berd (Banque européenne de reconstruction et de développement). À l’image de la restructuration du secteur bancaire en Europe. Tout récemment, la Berd, qui aide les anciennes économies soviétiques à adopter les standards de marché, a prêté 30 millions de dollars à Rosevrobank, spécialisée dans le crédit aux PME.

Le Figaro

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