Mohamed prie avec ses collègues musulmans dans un wagon aménagé en mosquée, stationné ici à Landivisiau (Bretagne).
Ici, la poussière du chantier n’a pas le droit d’entrer. Et comme dans toutes les mosquées du monde, on se déchausse avant de pénétrer dans celle des ouvriers du rail, aménagée dans un wagon stationné pour l’heure à Landivisiau, près de Morlaix.
Mohamed, l’imam, a troqué son casque contre un turban. Chaque jour, ce sexagénaire au visage mangé par une barbe blanche lit le Coran à ses collègues musulmans.
Sur le chantier, c’est un homme rude à la tâche et pointilleux sur les normes de sécurité. Comme son grand-père avant lui, Mohamed répare les chemins de fer de l’Hexagone. Il a achevé celui qui relie Brest à Morlaix, vendredi soir.
Mohamed a laissé il y a longtemps femme et enfants à Cheliff, entre Oran et Alger, pour suivre le chemin de nombreux Algériens venus travailler en France.
Il nourrit sa famille à distance depuis des dizaines d’années, et compte prendre sa retraite dans cinq ans. « En France ou en Algérie, je ne sais pas encore. »Personne ne sait qui se chargera alors de mettre à l’heure les six petites horloges du wagon-mosquée.
Il y a vingt ans, l’ancien compartiment de train était plein à l’heure de la prière. Aujourd’hui, seules une quinzaine de personnes y assistent, sur une équipe de quarante. Des Français, des Portugais et des Roumains ont rejoint cette communauté d’hommes qui travaillent et vivent sur des rails, dans des wagons-logements et des caravanes stationnés près des travaux.
« Il y a vingt ans, il n’y avait pas un chrétien », se rappelle Djilali. Un des cadres de l’entreprise précise : « Il n’y avait pas non plus beaucoup de lieux de culte pour les musulmans en France, contrairement aux églises et aux synagogues, C’est pour ça qu’on en a aménagé un dans un wagon, à côté de ceux où logent les ouvriers. » La mosquée a pris place dans un train corail délaissé par les voyageurs.
Usés par le travail, les croyants du chantier n’en oublient pourtant jamais les cinq prières qui ponctuent la journée d’un musulman. « Sauf celle du midi quand on est encore au travail, corrige Djilali. Il n’y a pas de quoi se laver et il faut être propre pour la prière. »
source : Ouest France
(merci à Roger)