Seul Vinci est assez optimiste. Les PME du secteur risquent de pâtir du prolongement de la crise.
Vinci le clame haut et fort : cette année, le groupe de construction cherchera à racheter des entreprises dans son secteur. «Ce ne sera pas des mégaprojets. Plutôt des opérations à quelques centaines de millions d’euros, à l’image de Tarmac, dont nous avons repris une centaine de carrières récemment», a expliqué jeudi Xavier Huillard, son directeur général, lors de la présentation des résultats. En revanche, son concurrent Eiffage n’envisage pas d’opération de croissance externe. Quant à Bouygues, même s’il n’exclut pas de faire des acquisitions, il n’en fait pas une priorité.
L’activité travaux publics qui avait plongé de 6 % en France en 2009 devrait régresser encore de 0,5 % cette année selon la FNTP (Fédération nationale des travaux publics). Heureusement que l’hémorragie a été réduite car ce recul a des conséquences en termes d’emploi. 30 000 jobs d’intérimaires et 3 500 postes fixes ont été supprimés en 2009.
Ces trois concurrents ont choisi des options différentes car ils ne portent pas le même regard sur la conjoncture en 2010. Ils se retrouvent pourtant souvent en concurrence sur les mêmes dossiers, comme les projets de ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux ou Le Mans et Rennes, pour lesquels on attend avant la fin de l’année la désignation du groupe chargé de la concession.
C’est Vinci qui se montre le plus optimiste. Après avoir vu son taux de profit passer de 4,8 % à 5 % pour atteindre 1,5 milliard en 2009, le groupe table sur un résultat net similaire cette année. Avec un carnet de commandes confortablement garni de 24 milliards d’euros.
Des points de vue différents
Bouygues est plus mitigé. Le groupe envisage une baisse de son chiffre d’affaires de 4 % cette année, à 30 milliards, et une chute spectaculaire dans certaines activités. Bouygues immobilier attend ainsi une baisse de ses ventes de 30 %, et Bouygues construction table sur un recul de 5 %.
Quant à Eiffage, qui a déjà déçu avec un bénéfice net de 190 millions, en baisse de 35,1 % l’année dernière, il envisage simplement de réaliser un chiffre d’affaires stable (13,3 milliards).
En fait, ces géants ont des points de vue différents car la situation n’est pas stabilisée. Après avoir connu un véritable coup d’arrêt l’année dernière, le BTP envisage un exercice encore difficile. Une claque surtout ressentie par les PME.
La douche froide est encore plus violente dans le bâtiment. Après une chute de 7 % l’année dernière, l’activité devrait reculer en 2010 de 3,1 % (voir infographie). Avec là aussi une saignée sur l’emploi. En 2009, 50 000 postes ont été supprimés dont la moitié d’intérimaires. Cette année, 30 000 postes devraient être rayés d’un trait de plume dont 5 000 intérimaires. Pour corser l’addition, 12 000 entreprises sur 333 000 dans le secteur ont disparu l’année dernière, victimes de la crise. Et l’embellie ne sera pas pour demain selon les experts. Le PDG d’Eiffage, Jean-François Roverato, craint qu’«il y ait un trou important pour les travaux entre la deuxième partie de 2010 et la deuxième partie de 2011».