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Sous le titre Roubaix, Quick halal et alors ? , Libération publie un article consensuel et apaisant de Haydée Saberan, sur l’ouverture d’un Quick halal à Roubaix. Une affaire anecdotique qui cacherait l’essentiel : la situation sociale et économique d’une ville qui comporterait 40 % de musulmans.
Quelques réalités n’en sont pas moins rapportées comme l’absence «bien sûr» de porc dans les fêtes d’un club de football.

Autour du fast-food, un centre-ville en mosaïque: des dégriffés chics, une mosquée, des usines-musées, une église, un quartier riche, des cités pauvres, du chômage.
Ils viennent souvent en tête à tête. «La première fois, on a pris des gâteaux, et on est parti. Ce n’était pas encore halal. C’est comme manger pendant le carême. Ce n’est pas possible», dit la dame en bonnet de laine et manteau. Son mari, massif, cheveux blancs, termine un café. Tous deux sont Algériens, vivent en France depuis un an, après «48 ans de mariage». Elle se dit «pratiquante», lui non. (…)
Près des fenêtres, des blondes et des brunes, papotent : «C’est leur liberté de faire du halal s’ils veulent augmenter leur chiffre d’affaires.» (…)
La ville compte, selon le maire PS, René Vandierendonck, «un tiers, voire 40% de musulmans», six mosquées, cinq pagodes bouddhistes, et une bonne dizaine d’églises.

Le maire de Roubaix a braqué un projecteur sur sa ville. Pour dire quoi ? Qu’il ne faut pas prendre Roubaix pour une ville musulmane ? Pas sûr qu’il ait réussi…
Et tout autour, il y a Roubaix, et ses «quartiers». Le ghetto de riches près du parc Barbieux, où on paye encore l’impôt sur la fortune. Le ghetto de pauvres dans les quartiers populaires de l’Alma ou des Trois ponts, le macadam défoncé par endroits. Ici, on voit fermer les usines depuis quarante ans, un carnage. L’Alma, c’est «un sur deux au RSA», estime Georges Torrès, l’entraîneur de foot du quartier. (…)
Mais ce qui frappe aussi à Roubaix, c’est ce qui pousse sur les ruines de l’industrie : le musée d’art et d’industrie André-Diligent, installé dans une magnifique piscine Art déco, et dont les abords commencent à attirer les bobos, nouveaux acquéreurs des anciennes maisons de maîtres ; le Centre des archives du monde du travail qui a investi une ancienne usine en forme de château fort de briques, avec pont-levis et créneaux ; la Condition publique, un entrepôt où on conditionnait la laine brute, devenu une salle de concerts, en face d’une mosquée. Les fêtards croisent les fidèles à l’heure de la prière. Trois lieux culturels à un quart d’heure à pied du fameux Quick. (…)
Rabah Mézine, 44 ans, contrôleur de gestion après avoir été ouvrier en filature, trouve aussi que «chacun se regroupe». Ce «grand laïque» a été choqué par l’offre de Quick. «C’est pas normal, cette exclusivité.» Mais sur l’islamophobie, il est choqué par les discussions de comptoir, «y compris parmi des gens que j’aime bien, c’est dramatique». (…)
Georges Torrès, qui vient d’inaugurer son stade de foot avec le maire, tam-tams, danses africaines et 500 personnes du quartier, met aussi le «repli» sur le compte de la fin des usines. «Le problème, c’est pas les ethnies, c’est la misère. On nous parle du “vivre ensemble”, mais les gens ont déjà du mal à vivre. Ils survivent ensemble.»
Il s’indigne que le budget de son club de foot, «dernier rempart de la société», ait été divisé par deux en deux ans. Aux fêtes du club, «bien sûr», il n’y a jamais de porc. «Mais personne ne m’a jamais demandé si la viande était halal
Source : Libération

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