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“L’industrie craint un ‘effet de manque’ à la fin des stimulus”, constate le Financial Times. L’inquiétude grandit donc dans les milieux d’affaires européens et américains : la reprise s’avère de plus en plus fragile et tous craignent maintenant un arrêt des différentes mesures d’aide et de soutien à l’économie.

Graphe prix immobilier US

L’alchimie d’un équilibre tient souvent à peu de choses. L’économie fonctionne depuis plusieurs mois sur le régime des excès : trop de liquidités, trop d’aides, trop de soutiens, trop de plans… Depuis la crise des subprime, plus personne n’ose parler de modération. Il en faut toujours plus, c’est-à-dire toujours plus d’argent.

Tout a commencé avec Ben Bernanke, qui voulait jeter des milliers de dollars du haut de son hélicoptère, et qui a ensuite transformé la Fed en machine à cash. N’importe qui peut maintenant obtenir du dollar gratuitement ou presque, il suffit de le demander.

La folie du “toujours plus” a aussi gagné les gouvernements.

Des milliards sont passés dans le sauvetage des banques. Puis dans celui des entreprises moribondes – comme GM. Et ensuite, dans les plans de “soutien” à des consommateurs désargentés qui préféreraient, si on leur en laissait le choix, épargner ou rembourser leurs crédits plutôt que de continuer à dépenser sans compter.

Mais on ne nous laisse pas vraiment le choix : notre économie ne peut se passer de consommation, enfin plutôt de surconsommation. Si vous ne voulez pas consommer, on vous obligera à le faire. Les banques se sont alors vues sommer d’accorder toujours plus de crédits.

Et les gouvernements ont mis en place la prime à la casse. Cette fameuse aide au secteur automobile est devenue la mesure la plus populaire au monde. Tous les gouvernements ou presque ont incité leurs citoyens à mettre à la décharge leur voiture, qu’elle soit un tacot ou pas, pour la remplacer par un rutilant véhicule. A la pensée de toutes ces voitures sacrifiées sur l’autel de la consommation et de la reprise, je ne peux m’empêcher d’éprouver un frisson d’horreur – et de chérir d’autant plus ma voiture qui date de 1982.

Seulement voilà, comme quoi la morale finit toujours par l’emporter, les consommateurs, inquiets pour leur avenir, leur porte-monnaie – et peut-être pour l’avenir de la planète – ont préféré des voitures d’entrée de gamme peu gourmandes en essence et sur lesquelles les constructeurs automobiles ne peuvent pas réaliser de confortables marges.

Las, malgré des ventes mirobolantes, Renault affiche ainsi des pertes record. C’est ce que vous expliquait Arnaud Lefèvre : “Grâce au plan de relance et à la prime à la casse de 1 000 euros, Renault a vendu 7,3% de voitures en plus [en 2009]. Pour le dernier mois de l’année, le groupe a enregistré un record, puisque ses ventes ont presque doublé ! […] Hélas, les ventes se sont concentrées sur des petits modèles peu chers, à l’image de Twingo, Clio et Logan. Bilan : Renault affiche des pertes historiques, de l’ordre de 3,1 milliards d’euros. Pis, son P-dg, Carlos Ghosn, a annoncé une année 2010 ‘difficile’”. Et ce malgré les 600 millions d’euros qui sont passés dans la prime à la casse en France…

Ah, c’était bien la peine d’envoyer à la destruction autant de fidèles compagnons à quatre roues.

L’inutilité de ce genre de mesures est criante. Outre-Atlantique, le programme de rachats de RMBS, des crédits hypothécaires résidentiels par la Fed crée ce même genre de déséquilibre. Le marché de l’immobilier résidentiel américain est presque entièrement soutenu par la Fed et ses rachats. Mais ce programme doit normalement se terminer à la fin du mois. Que se passera-t-il ensuite ? Personne ne le sait. En tout cas, de nombreux économistes pensent que la Fed va laisser son taux directeur au plus bas jusqu’à fin 2010 au moins pour éviter une chute brutale des prix de l’immobilier (cf. le graphique ci-dessus).

Conclusion, les plans de relance ne fonctionnent pas, pire, ils arrivent même à couler encore plus certains secteurs aidés. L’exemple des plans de soutien au secteur automobile est particulièrement révélateur. Le gouvernement américain a sauvé GM et son modèle de voitures polluantes alors que les consommateurs se tournent de plus en plus vers des voitures moins gourmandes en essence. Même chose en France, les habitudes des consommateurs ont fondamentalement changé, et la crise a servi d’accélérateur à cette évolution.

MoneyWeek

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