Si les femmes se sont taillé leur part du gâteau parmi les métiers les plus qualifiés, les inégalités persistent aux deux extrémités de l’échelle des rémunérations.
Une bonne nouvelle pour les femmes européennes : depuis le mois de mai 2009, leur taux de chômage, d’ordinaire systématiquement supérieur à celui des hommes, est pour la première fois passé en dessous du leur.
Un soudain rattrapage que l’on ne peut malheureusement imputer qu’à la crise. Les secteurs de l’industrie et de la construction, traditionnellement masculins, ont été particulièrement touchés par le recul de l’activité économique, tandis que ceux relevant du secteur tertiaire, plus investis par les femmes, ont été globalement plus épargnés. Mais cette statistique, bien qu’apparemment positive pour les femmes, souligne aussi que nombre de secteurs d’activités restent très majoritairement investis soit par l’un, soit par l’autre sexe.
Le rapport Grésy, consacré à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, a certes mis en évidence «les formidables avancées» déjà observées en la matière : les femmes représentent désormais en France 47% de la population active en 2007, et ce sont 83% des femmes de 25 à 49 ans qui travaillent.
Surtout, la mixité a fortement progressé parmi les métiers les plus qualifiés. Le portrait social de l’Insee relève que les jeunes femmes, qui sortent du système éducatif avec un niveau de formation en moyenne supérieur à celui des garçons, sont devenues largement majoritaires parmi les professions du droit (il y a aujourd’hui autant d’avocats que d’avocates), de la communication, ou encore les médecins. Même parmi les métiers qualifiés à caractère plus techniques, où elles restent en faible nombre, une évolution se dessine : il y a aujourd’hui près de 40% de femmes ingénieures ou cadres techniques fraîchement sorties d’école, contre 9% parmi les plus âgés !
Une polarisation accentuée dans les métiers peu qualifiés
Mais le tableau n’est cependant pas tout rose. Et il semble que ce soit aux deux extrémités de l’échelle des qualifications que le bât blesse. Au top niveau, la proportion de femmes reste marginale : 8% de femmes seulement siègent au sein des conseils d’administration des 500 plus grosses entreprises françaises, si bien qu’une proposition de loi vise à introduire un quota de femmes au sein de ces instances. Et c’est presque le même son de cloche parmi les emplois les moins qualifiés. «La mixité a même régressé», constate Florence Chappert, chargée de mission au département compétences, travail et emploi de l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail). «Parmi les métiers peu qualifiés, la polarisation des métiers entre hommes et femmes est parfois encore plus accentuée chez les débutants que chez les anciens», confirme l’Insee.
Globalement, si les filles ont toujours moins d’appétence pour les études professionnelles, elles continuent d’opter plus volontiers pour les filières sanitaire et social ou les spécialités secrétariat, lorsqu’elles s’y dirigent. Chez les garçons, c’est en revanche l’électricité-électronique qui emporte leurs suffrages. Résultat : les ouvriers du bâtiment sont à 98% des hommes, ceux des industries de process le sont à 76%, tandis que, sans surprise, 98% des secrétaires sont des femmes, de même que 98% des aides à domicile, 75% des employés administratifs de catégorie C, 99% des assistantes maternelles… Si l’environnement culturel est bien sûr un facteur explicatif de cette répartition, Florence Chappert souligne qu’il n’est pas le seul : «Si l’on souhaitait une plus forte proportion d’hommes parmi les aides à domicile, il faudrait pour cela revoir les horaires partiels et atypiques qui y sont si fréquents, souvent au détriment des femmes, et augmenter les salaires» explique-t-elle. De même que l’introduction de femmes parmi les ouvriers devrait nécessairement induire une atténuation de la pénibilité du métier.
«Cependant, il n’est pas question de faire de la mixité à tout prix : les hommes et les femmes peuvent parfois perdre à se retrouver exactement sur les mêmes postes».