Si le legs de l’ère Schwarzenegger pouvait se résumer en un seul grand titre, ce pourrait être celui-ci : les finances de la Californie sont en si mauvais état que les investisseurs font désormais plus confiance à la capacité de payer… du Kazakhstan.
C’est ce que s’est amusé à calculer le site financier Seeking Alpha, qui a comparé le prix des Credit Default Swaps (CDS) des deux États.
Le calcul a montré que l’indice de la Californie est actuellement de 303, tandis que celui du Kazakhstan est de 204.
Les CDS agissent comme une police d’assurance contractée sur une dette : plus l’indice est élevé, plus le marché estime que les chances de non-paiement sont importantes.
Ces jours-ci, le gouverneur Arnold Schwarzenegger – élu en 2003 après avoir promis de faire le ménage dans les finances publiques – demande 6,9 milliards [de dollars] en fonds d’urgence à Washington.
L’administration Obama refuse, sous prétexte que cela entraînerait un déluge de demandes semblables de la part d’autres États, aux prises avec une baisse des revenus en raison de la crise économique.
Bref, cette semaine, le marché estime que les bons du Trésor de la Californie sont 50% plus risqués que ceux du Kazakhstan. «À titre de comparaison, les CDS sur les bons du Trésor de la Grèce ont un indice de 364, ceux de l’Islande sont à 524 et ceux de l’Espagne, à 130,» note l’analyste Scott Grannis.
La Californie en faillite
Un des facteurs expliquant le faible risque du Kazakhstan est sans doute les réserves importantes de pétrole qui se trouvent sur son territoire, estimées à 60 milliards de barils.
Or, la comparaison montre bien que les problèmes financiers de la Californie, huitième économie mondiale, préoccupent les investisseurs. L’État le plus populeux des États-Unis prévoit un déficit de 20 milliards [de dollars] en 2010.
Récemment, le PDG de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, a dit qu’il était davantage préoccupé par les finances de la Californie que par celles de la Grèce.
«La Grèce en elle-même n’est pas un problème pour nous. Mais, à cause de sa taille et de ses problèmes avec sa dette, la Californie pourrait produire un effet de contagion aux États-Unis.»
Le produit intérieur brut (PIB) de la Californie frise les 2000 milliards [de dollars], et représente 13% de l’économie américaine. Celui de la Grèce est de 300 milliards [de dollars], ou 2% de l’économie de l’Europe.
Sur le plan national, 40 États américains prévoient d’afficher des déficits cette année, totalisant 194 milliards [de dollars], soit 28% de la taille de leur économie.
Elizabeth McNichol, du Centre pour la priorité du budget, note qu’il s’agit d’un scénario catastrophe. «La récession entraîne une chute dramatique des revenus des taxes et des impôts. Parallèlement, les besoins en services sociaux et en soins de santé augmentent.»
Toute augmentation des taxes et des impôts en Californie doit être adoptée par les deux tiers de l’Assemblée et du Sénat de l’État, une tâche rendue impossible par le refus des élus républicains de permettre une telle hausse. Qui plus est, le Sénat est dominé par une majorité de démocrates, peu intéressés à sabrer les programmes sociaux et la paie des employés de l’État, comme le demande le gouverneur.
Déjà, des milliers de fonctionnaires sont placés en congé forcé un jour par semaine. Les droits de scolarité pour les universités publiques viennent de grimper de 32%, déclenchant des manifestations à UCLA et des émeutes à Berkeley le mois dernier.