La restauration halal va-t-elle devenir à la mode ? Son développement dans les banlieues cache son essor dans d’autres quartiers où s’ouvrent des restaurants satisfaisant aux interdits alimentaires musulmans et sans alcool. Ils proposent des crêpes «bretonnes», des pizzas ou des spécialités asiatiques sans que la mention «halal» ne soit toujours affichée explicitement. A défaut d’assimilation, la société française s’adapterait-elle aux us et coutumes des populations immigrées ?
Burgers et kebabs ne sont donc désormais plus les seuls produits proposés par les fast-foods halals. L’offre halal existe aujourd’hui dans tous les domaines de la restauration rapide : pizzas, sushis, chinois et même crêpes… Phénomène nouveau, ils ne sont plus cantonnés aux quartiers populaires. Le fast-food halal sort du ghetto !
« Dans les années 2000, les fast-foods se sont diversifiés parce que les jeunes et les actifs musulmans en avaient assez des burgers et des kebabs. Ayant davantage de moyens, ils voulaient manger toutes sortes de cuisines, en respectant les traditions de leurs parents. C’était un marché à prendre ! », explique Yanis Bouarbi, créateur du site Paris-hallal.com, le «premier annuaire des restaurants halals 100 % sans alcool ». «Maintenant on sort des quartiers et la clientèle n’est pas seulement musulmane ! La seule différence, c’est qu’ils ne vendent généralement pas d’alcool : dans un fast-food, cela a moins d’incidence sur la clientèle que dans un restaurant où l’on s’installe.»
Il y a cinq ans, Fares a créé Nem Express, à Clichy (Hauts-de-Seine) : il y vend des plats asiatiques halals. Le cadre est très design et on est loin des kebabs des premiers temps ! «J’ai toutes sortes de clients. Je suis situé juste en face d’un lycée et des élèves de toutes origines viennent ici déjeuner. On reçoit aussi beaucoup de gens des bureaux alentour. Notre chef est thaïlandais et n’est pas de confession musulmane. C’est un très bon cuisinier : du coup, la nourriture est de même qualité que chez n’importe quel traiteur asiatique. La seule différence est qu’elle est certifiée halal. »
« Ma cuisinière est bretonne et elle assure ! », s’exclame Fadhel Bel, qui, l’été dernier, a lancé Le Sarrazin, une crêperie bretonne 100 % halal, dans le 5e arrondissement de Paris. « Nous avons élaboré des recettes qui fusionnent la cuisine orientale et la cuisine bretonne. Un vrai délice pour les clients qui découvrent des saveurs nouvelles. Cette gastronomie multiculturelle attire des personnes de tous milieux. Nous accueillons aussi bien des étudiants des universités environnantes que des clients plus huppés du 5e. »
Afin d’attirer le plus grand nombre de clients, nombre de fast-foods installés au cœur des villes n’affichent pourtant pas « halal » explicitement sur leur devanture… Il faut souvent entrer dans le restaurant pour découvrir, sur la carte, le fameux label. C’est le cas, par exemple, de Sushi Station, dans le très chic 5e arrondissement de Paris : ce n’est marqué ni en vitrine ni sur le prospectus de livraison. (…)
« Fast-foods et restaurants confondus, nous avons comptabilisé près de 400 établissements halals sans alcool, dont 320 en région parisienne », poursuit M. Bouarbi. « Ce chiffre montre que les restaurants halals sont en plein boum. »
Le segment halal de la restauration rapide ? Un débouché stratégique de l’agroalimentaire français.
Source : SaphirNews