Recalé. Bercy n’a pas réussi son examen de finances publiques devant la Commission européenne. Bruxelles a en effet jugé non crédible le programme de la France de réduction de son déficit budgétaire. Les hypothèses de croissance de Bercy sont jugées trop “optimistes.”
Pour parvenir à réduire le déficit de 8,2% du PIB cette année à 3% en 2013, comme le lui demande Bruxelles, Paris table sur un fort rebond de la croissance (+2,5% par an à partir de 2011), générant d’abondantes recettes. Bercy refuse d’envisager une reprise plus molle: le seul autre scénario avancé table sur une croissance à peine moins importante, de 2,25% par an.
L’avis rendu par la Commission européenne était à prévoir : la plupart des économistes jugent également improbable le scénario de croissance de 2,5% en 2011. Les experts du consensus interrogés par le Centre de Prévision de L’Expansion (CPE) tablent sur une hausse du PIB de 1,6% l’an prochain. Le Fonds monétaire international (FMI) s’attend quant à lui à une croissance de 1,7%. Même le scénario de croissance de 1,4% cette année, jugé crédible, pourrait bien ne pas être atteint, car la reprise est en train de faire pschitt.
Pas de stratégie claire de réduction des dépenses publiques
2,5% est un rythme de croissance que la France n’a pas connu plus de trois années consécutives depuis la fin des années 1990. “Entre 2000 et 2008, la croissance annuelle moyenne dans l’Hexagone a atteint seulement 1,9% alors même que le contexte mondial était extrêmement favorable et que les politiques monétaires étaient très expansionnistes,” rappelle Béatrice Mathieu du CPE. Selon elle, la croissance potentielle de la France est aujourd’hui comprise entre 1,5 et 2%, au mieux.
“Ce sont des prévisions volontaristes, les prévisions de croissance sont par nature volontaristes,” s’est défendu mercredi Eric Woerth. “Ce n’est pas en professant le pessimisme qu’on sort de la crise,” a rétorqué à la Commission le ministre français du Budget. Certes. Mais si la France n’atteint pas le taux de croissance de 2,5% ? Il sera alors temps de faire “des efforts supplémentaires sur les dépenses,” a-t-il répondu. Mais ce que Eric Woerth ne dit pas, c’est comment. C’est d’ailleurs l’autre point sur lequel Bruxelles tacle Bercy. “Certaines mesures annoncées du côté des dépenses ne sont pas précisées,” regrette l’exécutif européen.
Alors que les dépenses publiques, qui représentent chaque année plus de 1.000 milliards d’euros, augmentent aujourd’hui en moyenne de 2% par an, Bercy prévoit de limiter cette hausse à moins de 1% entre 2011 et 2013. Grâce au non-remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux ? Cette règle ne permet pas de dégager des marges de manoeuvre suffisantes. En demandant un effort conséquent aux collectivités locales? Problème : la droite gouvernementale n’a pas la main sur les régions et en partie seulement sur les départements et les municipalités. En réduisant les dépenses liées au financement des retraites et à la santé ? Compte tenu du vieillissement de la population, la tâche s’annonce rude.
On en saura sans doute plus sur la stratégie de réduction des dépenses du gouvernement lors de la seconde phase de la conférence sur les déficits qui se tiendra en avril.