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Depuis l’an dernier, le statut d’auto-entrepreneur créé par le gouvernement connaît un franc succès : plus de 300.000 personnes se sont laissées séduire, et ont créé leur société en quelques clics sur internet. Mais il y a aussi le revers de la médaille…

Certains employeurs profitent du système. Au lieu de recruter des salariés, ils préfèrent embaucher des auto-entrepreneurs : cela leur coûte moins cher… Conséquence : une nouvelle forme de précarité.

Pour bien se rendre compte, il suffit d’aller sur internet, sur des sites d’offres d’emploi. Il y a énormément de petites annonces qui sont très curieuses : on recherche des vendeurs, des commerciaux… En apparence, ce sont des postes de salariés classiques, sauf que le recruteur veut un auto-entrepreneur, et le dit sans détour. Il cherche un vendeur… mais affirme ne pas pouvoir l’embaucher.

Cela rappelle l’affaire révélée il y a quelques jours, dans un restaurant chic de Paris. Le patron employait des sans papiers comme auto-entrepreneurs, alors qu’ils avaient en fait des postes de salariés, à la plonge ou en cuisine.

Cette pratique est absolument hors-la-loi : il y a là de quoi faire bondir les contrôleurs de l’URSSAF. Car la personne recrutée aura donc des horaires fixes, un patron au-dessus d’elle : elle a donc tout du salarié, rien à voir avec un auto-entrepreneur, qui est censé être indépendant.

C’est un détournement du statut d’auto-entrepreneur, une dérive grave“, affirme Lucien Contou. Il est responsable de la lutte contre le travail illégal à l’URSSAF d’Ile-de-France. Et il annonce des poursuites contre ceux “qui dévoient le satut” : “nous allons verbaliser les employeurs pour dissimulation d’emploi salarié”.

Claude Deruelle, président de l’Ordre des experts-comptables de Picardie, dénonce, lui aussi de possibles dérives car “l’auto-entrepreneur est moins protégé que le salarié.

Aucun chiffre n’est disponible sur ces détournements de statut d’auto-entrepreneurs – les contrôles ne font que commencer, selon l’URSSAF d’Ile-de-France, qui parle tout de même d’un phénomène qui se développe, et qu’il faut surveiller.

Hervé Novelli, le secrétaire d’État chargé des PME, reconnaît à demi-mot des dérives, mais préfère insister sur le succès du dispositif, qui a permis à plusieurs centaines de milliers de personnes de créer leur propre activité.

France Info

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