… une évidence trop mal connue.
Que la situation des gens modestes et des classes moyennes se soit dégradée depuis le milieu des années 90, tout le monde en est conscient. Les ravages du chômage, la montée de la précarité, la pression sur les salaires, de nombreux facteurs ont contribué à cette dégradation. Mais la mesure exacte de cette dégradation et surtout l’évolution des situations relatives des français sont peu connus.
L’INSEE diffuse beaucoup de chiffres d’évolution des moyennes, ou d’évolution de la situation des bas revenus et de la pauvreté selon la définition officielle, mais peu de mesures par tranches de revenu, particulièrement vers les revenus élevés. De ce fait, la mesure des inégalités ne fait pas partie des paramètres de notre société qui sont facilement accessibles.
Le débat est également obscurci par le fait que les mesures les plus synthétiques ne traduisent pas à première vue une dégradation de la situation des salariés. D’une part le partage de la valeur ajoutée des entreprises ne semble pas se dégrader au détriment des salariés, d’autre part le pouvoir d’achat moyen (revenu corrigé de l’inflation) augmente régulièrement (1% à 2% par an depuis plus de 20 ans).