Les Grecs au guichet pour retirer leur argent.
La situation de la Grèce angoisse ses habitants qui ont déjà retiré auprès des quatre principales banques environ 10 milliards d’euros.
Les banques demandent à l’État de les aider, au moment où les taux obligataires sont au plus haut.
Sur les seuls deux premiers mois de l’année, les Grecs ont retiré de leurs comptes bancaires environ 4,5 % du total de l’argent dans le système bancaire du pays, d’après la Banque centrale grecque.
Les quatre plus grosses banques grecques – National Bank of Greece, EFG Eurobank, Alpha Bank et Piraeus Bank – déplorent l’évaporation d’environ 10 milliards d’euros des comptes de dépôts, et implorent le gouvernement de les aider, rapporte le Financial Times dans son édition de jeudi.
George Papaconstantinou, le ministre des Finances, a indiqué mercredi que l’ensemble des banques avaient demandé les 28 milliards d’euros restants du plan de soutien financier apporté par l’État aux banques au plus fort de la crise en 2008.
Des rendements jamais atteints
Ces appels au secours interviennent alors que les taux d’intérêts grecs ont battu des records cette semaine. Ce jeudi, le rendement (taux) de l’obligation grecque à 10 ans a atteint 7,31%. Un record historique.
Les rendements grecs s’éloignent ainsi du taux de référence, le Bund allemand, le fossé entre les deux se creusant à plus de 400 points de base (4 points de pourcentage).
Les marchés ont réagi au jugement d’Athènes, selon lequel les mesures proposées par le FMI sont trop sévères. «C’est une des raisons, mais il y en a d’autres, comme des investisseurs qui se trouvent forcés de vendre parce que les taux sont maintenant trop élevés,» explique Jean-François Robin, analyste chez Natixis.
Certains sont obligés de déboucler leurs positions en partie à cause de la réglementation Bâle II. «Le nombre d’investisseurs potentiels à l’achat est ainsi diminué», précise Ciaran O’Hagan, de la Société Générale.
La National Bank of Greece sera «fortement impactée»
En tant que leader sur le marché sur des dépôts, la National Bank of Greece «pourrait être fortement impacté par le mouvement de décollecte qui affecte la Grèce depuis le début le début de l’année,» notent les analystes de Natixis dans une note publiée ce jeudi matin, qui dégrade la valeur à «alléger» contre «acheter précédemment» et a ramène son objectif de cours de 19 à 15 euros.
Selon le courtier, la banque est toutefois «la mieux armée pour faire face à la crise grecque avec un ratio core tier 1 (ratio de réserves) de 9,4%, et une forte exposition à la Turquie, dont la performance en 2010 devrait compenser le ralentissement de l’activité en Grèce.»
Pas forcément une fuite des capitaux
Pour les stratèges de la Société Générale, ce mouvement de retraits sur les comptes de dépôts ne signifie pas forcément une réelle fuite des capitaux. Depuis le début de 2009, les banques grecques constatent une baisse des dépôts des ménages, dûe à un ralentissement de la croissance de leurs revenus.