Malgré la crise, les entreprises du CAC 40 ont réalisé des profits élevés en 2009. Et elles distribuent beaucoup de dividendes.
Alors que la hausse du chômage se poursuit, les entreprises du CAC 40 ont publié, ces dernières semaines, des résultats relativement bons pour l’année 2009. Elles ont, en effet, engrangé quelque 47 milliards d’euros de profits cumulés, en recul tout de même de 20% par rapport à 2008. Quant à leur chiffre d’affaires, il a baissé de 10% en moyenne.
Comment expliquer cette relative résistance ? En grande partie, par la nature de l’activité des champions français. Parmi les entreprises les plus profitables en 2009, on trouve en effet, en premier lieu, les banques, à l’exception notable de la Société Générale, qui n’en finit pas de payer le prix de la priorité qu’elle a accordée aux activités de marché, et des actifs toxiques, qu’elle avait inconsidérément accumulés jusqu’à la crise financière.
Les banques commerciales récoltent le fruit de l’aide des Etats et des banques centrales. Ces dernières ont en effet abaissé les taux d’intérêt à court terme quasiment à zéro, pour inciter les banques commerciales à prêter aux particuliers et aux entreprises à des taux attractifs. Ce qu’elles n’ont fait que de façon très limitée. Elles ont, en revanche, profité de cette aubaine pour gonfler leurs marges.
Autre grande catégorie d’entreprises gagnantes : les “rentières”. C’est-à-dire, celles dont les clients sont largement captifs et [dont] l’activité [est] relativement déconnectée des cycles économiques. Ainsi, les fournisseurs de services en réseau, dans l’énergie, l’eau et les télécoms : GDF-Suez, EDF, France Télécom, Vivendi, Veolia… Ou bien, des entreprises comme Vinci, qui doit une partie de sa bonne fortune aux concessions d’autoroutes, que l’Etat lui a vendues à bas prix, il y a quelques années.
En revanche, les rares champions que compte le CAC 40 dans des secteurs industriels, où l’innovation joue un rôle déterminant, affichent à peu près tous des pertes : qu’il s’agisse d’Alcatel-Lucent, d’EADS, de STMicroelectronics ou encore des deux constructeurs Peugeot et Renault.
Malgré le recul de leurs profits, les entreprises du CAC 40 verseront quasiment autant de dividendes à leurs actionnaires cette année, environ 35 milliards d’euros. Soit un taux de distribution avoisinant 56% des bénéfices (hors éléments exceptionnels), contre 40% en moyenne ces dernières années. On aurait pu espérer pourtant que la crise mette fin à ces versements de dividendes élevés, qui pénalisent l’innovation et l’investissement. Las ! C’est le contraire qui s’observe, les entreprises se sentent obligées de gratifier encore plus leurs actionnaires, pour compenser l’atonie de leurs cours de Bourse.