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La survie du modèle économique et social européen passera par des “mesures impopulaires” alors que le “populisme régnant” rend difficile l’adoption de telles mesures, a estimé le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy dans un entretien à quatre journaux.

Le modèle européen ne peut survivre sans une croissance économique plus forte et l’Europe ne peut jouer un rôle dans le monde sans plus de robustesse économique”, déclare Herman Van Rompuy dans El Pais.

Or “le grand danger, c’est le populisme régnant et, par conséquence, le manque d’engagement européen. Le populisme rend difficile l’adoption des mesures nécessaires pour l’avenir de l’Europe. Quand je vois l’agenda économique, les défis budgétaires… je vois que nous serons obligés de prendre des mesures impopulaires dans les prochaines années”, ajoute-t-il.

En tant que Belge, je suis bien placé pour en parler.

Le populisme va à l’encontre du courage politique. Quand j’étais ministre du budget, on a pris des mesures d’économie très dures. Après quatre ans, on est sorti vainqueur de cette phase. Il faut à un moment donné aller à l’encontre de certaines tendances”, précise-t-il dans Le Monde.

On ne pourra pas échapper à des réformes impopulaires dans les prochaines années”, poursuit Herman Van Rompuy, sans préciser lesquelles.

Concernant la Grèce, Herman Van Rompuy estime que le mécanisme d’aide financière décidé ne sera “crédible que s’il est opérationnel”. “Les discussions sont en cours pour fixer les modalités techniques et concrètes du mécanisme. La réunion des ministres des finances de l’Eurogroupe, mi-avril, parviendra à trouver des solutions sur les problèmes restants, s’il en reste encore”, explique-t-il dans Le Monde. “La majorité de l’aide viendra de la zone euro. Le déclenchement sera décidé par l’Eurogroupe, sur avis de la Commission et de la BCE”.

Concernant son rôle en tant que président de l’Union, il se définit comme une “facilitateur”. “C’est avec cette vision très claire de mon rôle que j’ai travaillé dans deux directions : faire fonctionner les nouvelles institutions et amorcer mon action dans les domaines politiques”.

RTBF
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Voici l’intégralité de l’article paru dans Le Monde :
Van Rompuy : “Nous serons prêts à intervenir en Grèce”

Cent jours après sa prise de fonctions, Herman Van Rompuy sort de sa réserve. Le premier président du Conseil européen reçoit quatre journaux européens – Le Monde, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, El Pais et De Standaard – dans un petit salon situé à deux pas du bureau de l’ancien premier ministre chrétien-démocrate belge. C’est là que les grandes lignes du plan d’aide à la Grèce ont été négociées avec Angela Merkel et Nicolas Sarkozy lors des deux derniers conseils européens.

En Grèce, la situation paraît toujours aussi tendue, deux semaines après la promesse d’un plan d’aide à Athènes. Pourquoi ?

Nous avons décidé de mettre en place un mécanisme d’aide financière basé essentiellement sur des prêts bilatéraux de la zone euro et une intervention du Fonds monétaire international (FMI). Nous devons rendre cet accord opérationnel. Il ne sera crédible que s’il est opérationnel.

Les discussions sont en cours pour fixer les modalités techniques et concrètes du mécanisme. La réunion des ministres des finances de l’Eurogroupe, mi-avril, parviendra à trouver des solutions sur les problèmes restants, s’il en reste encore.

Ne trouvez-vous pas la gestion de la crise grecque très laborieuse au sein de la zone euro ?

Le 11 février, si nous n’avions pas trouvé d’accord, cela aurait été une catastrophe. En politique et dans la vie, il s’agit souvent d’éviter des malheurs. Dès le 3 mars, les Grecs ont pris des mesures additionnelles pour assainir leurs comptes. Nous avons concrétisé le volet “solidarité” du plan le 25 mars, en promettant un soutien financier en cas de besoin. Un tel compromis n’était pas facile du tout.

Mais il y a une impatience folle. Qu’il y ait des différences de vue sur un tel sujet, il n’y a rien de plus normal. Ce qui n’est pas normal, ce sont les rumeurs, les racontars et les fuites. Différents facteurs expliquent le comportement des marchés: tout ne dépend pas du signal politique et des modalités du mécanisme.

Prévoyez-vous un nouveau sommet de la zone euro pour déclencher le plan d’aide à la Grèce ?

Non, l’accord doit être appliqué par les ministres des finances de la zone euro. Il y a actuellement des discussions techniques préparatoires. Nous n’avons pas besoin de nouvelles réunions au sommet. La décision politique a été assez claire. Le travail de préparation est en cours. La décision prise est toujours une bonne décision. D’ailleurs le président de la BCE est tout à fait d’accord avec le mécanisme.

Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a d’abord critiqué le recours au FMI pour régler un problème interne à la zone euro…

J’aurais moi aussi aimé beaucoup d’autres choses, mais cela n’a aucune espèce d’importance. On s’est mis d’accord sur une solution européenne. La majorité de l’aide viendra de la zone euro. Le déclenchement sera décidé par l’Eurogroupe, sur avis de la Commission et de la BCE. Le FMI et les instances européennes sont sur la même longueur d’onde quant à l’effort à fournir en 2010 en Grèce.

Il faut avoir conscience que ce que l’on a déjà demandé aux Grecs est quelque chose d’exceptionnel : quatre points de réduction du déficit en une année. Le FMI a donné son aval au plan d’assainissement. Le gouvernement grec est courageux et rompt avec le passé. Nous serons prêts à intervenir si les Grecs le demandent.

Comment voyez-vous votre rôle de président du Conseil européen après cent jours en poste dans l’ombre de la crise grecque ?

Je ne me considère pas comme le président de l’Europe mais comme quelqu’un qui préside les réunions des chefs de gouvernement et d’Etat, un facilitateur à la recherche de consensus au sein d’un club très disparate de vingt-sept membres.

Ceux qui attendaient quelqu’un capable d’arrêter la circulation à Pékin auraient constaté très vite qu’une telle personnalité aurait agi toute seule, au risque de bloquer le fonctionnement du Conseil. C’est avec cette vision très claire de mon rôle que j’ai travaillé dans deux directions : faire fonctionner les nouvelles institutions et amorcer mon action dans les domaines politiques.

Lors du dernier Conseil, Mme Merkel a refusé que vous jouiez les intermédiaires entre elle et M. Sarkozy au sujet de la Grèce. L’attitude de l’Allemagne vous pose-t-elle un problème ?

Je n’ai pas à demander l’autorisation de qui que ce soit. J’ai joué à plein mon rôle de facilitateur, avant et pendant le Conseil. Personne ne peut m’en empêcher.

L’important, est que l’on trouve un accord. Partir de points de vue différents ne me choque pas : prenez le traité de Lisbonne, vous croyez que l’on a tous la même vision de l’Europe à son stade final ?

Le débat entre les fédéralistes et les confédéralistes n’est pas clos. Mais on a trouvé un compromis sur le traité. Je suis pour une morale des résultats, pas d’intentions.

Les tensions entre la France et l’Allemagne ne risquent-elles pas de compliquer votre tâche ?

Vous pensez qu’entre M. Kohl et M. Mitterrand, ou entre M. Chirac et M. Schröder, il n’y avait pas de tensions ? Il est tout à fait normal qu’il y ait des divergences de vue, chacun défend ses intérêts. Je n’avais pas l’illusion de croire qu’il n’y aurait pas de tensions. Il est heureux qu’il y ait des accords franco-allemands, sinon l’union risque d’être bloquée. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante.

Les Etats vous ont demandé de présider un groupe de travail afin de refondre le fonctionnement économique de l’Union. Qu’avez-vous en tête ?

Je ne préjuge pas ce qu’il faut faire, mais je vois trois grands sujets. D’abord, la discipline budgétaire, ensuite la gouvernance, ou le gouvernement économique et, enfin, la gestion d’une crise budgétaire comme celle que nous connaissons avec la Grèce, tout en respectant la clause de non-renflouement d’un Etat de la zone en difficulté. Il s’agit de tirer les leçons de ce que l’on a vécu afin que de tels événements ne se reproduisent plus.

Soutenez-vous la demande allemande d’une réforme des traités ?

Il sera très difficile de trouver l’unanimité nécessaire pour aller dans ce sens. La question est de savoir s’il est sage de recommencer un tel processus après ce que l’on a vécu avec le traité de Lisbonne. Ce fut un vrai calvaire.

Mme Merkel a suggéré d’exclure certains membres de la zone euro ou de créer un Fonds monétaire européen (FME). Qu’en pensez-vous ?

Nous verrons si quelqu’un met cela sur la table. D’après moi, l’unanimité n’existe pas pour exclure un pays de la zone euro. Quant au FME, il entre dans la discussion, mais selon de nombreux avis, cette idée nécessite une modification des traités.

Etes-vous favorable à une réforme du pacte de stabilité ?

Il faut augmenter l’aspect préventif de notre concertation budgétaire pour identifier les problèmes, et les régler. Il faut voir comment les mécanismes en place ont fonctionné et comment renforcer la surveillance. Le pacte permet beaucoup de flexibilité.

Nous avons les instruments, nous prendrons si nécessaire les mesures pour les renforcer. Nous devons cependant accorder un certain laps de temps afin de corriger les déficits creusés par les politiques keynésiennes mises en œuvre pour lutter contre la récession.

Pendant la crise, il fallait soutenir l’activité économique, sinon on aurait répété les erreurs des années 1930.

Les Etats divergent au sujet d’un gouvernement économique. Comment rapprocher les points de vue ?

Le traité est en fait très clair. Je m’étonne que certains soient choqués par des mots comme “gouvernement économique”. On ne va pas réinventer la roue. Il y a des outils à notre disposition, pour régler les questions qui sous tendent les dérives budgétaires : les problèmes de compétitivité. Il faut surveiller de plus près les divergences au sein de l’Union.

Vous avez été très discret sur le plan international alors que vous êtes censé représenter les Vingt-Sept “à votre niveau” sur la scène diplomatique. Que pensez-vous des premiers pas de Catherine Ashton, la haute représentante pour les affaires extérieures ?

Les reproches qui lui sont faits sont assez superficiels, en particulier en ce qui concerne son absence à Haïti au lendemain du séisme. Elle n’a pas à aller à chaque endroit où il y a un désastre. Les Haïtiens n’ont pas attendu Mme Ashton. Il y avait d’autres choses à faire. Personne ne se plaint d’ailleurs de l’intervention de l’Europe. C’est le résultat qui compte.

La mise en place du service d’action extérieure est très complexe. Quel usage pourrez-vous avoir du service ?

Un chef de gouvernement – ce que je ne suis pas – fait appel à son ministère des affaires étrangères. Mais ce n’est pas le ministère des affaires étrangères qui conduit la politique étrangère. Il ne faut donc pas surestimer l’importance de ce service : ce sera un instrument structuré, mais cela restera un instrument.

Une politique étrangère commune vous semble-t-elle possible dans une Europe très intergouvernementale, où chacun reste jaloux de son influence ?

Nous avons de nouveaux instruments avec le traité de Lisbonne mais on ne peut pas oublier notre histoire: vingt-sept pays avec leurs traditions. Si nous partons du principe qu’il faut “une” politique étrangère commune, nous raterons tout. Nous devons mettre en œuvre “des” politiques, c’est-à-dire nous mettre d’accord sur le climat, sur l’Iran ou sur le Proche-Orient. Nous devons rechercher des consensus au cas par cas.

Sur le G20 par exemple, on ne peut pas dire qu’il y ait eu de grandes divergences entre les Européens. Nous devons rechercher des consensus thème après thème.

Etes-vous toujours opposé à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne ?

Les négociations continuent. Dès le début, il a été convenu qu’elles prendront du temps. S’il y a un accord, il faut que le candidat soit accepté par tous les membres. Je me situe au niveau des procédures. Dans la situation où je me trouve, je n’ai plus de position personnelle sur le sujet. Je m’inscris dans le droit fil des décisions antérieures.

Ceux qui ont décidé des négociations avec la Turquie savaient très bien qu’une partie de ce pays n’appartenait pas au continent européen. Ils ont ouvert la possibilité que l’Europe dépasse les frontières géographiques telles qu’enseignées en classe de primaire.

Craignez-vous l’émergence d’un G2 entre la Chine et les Etats-Unis, ou l’Europe sera-t-elle capable de jouer un rôle mondial ?

Mon caractère me pousse à voir certains aspects positifs. C’est l’Union européenne qui a créé le G20, à l’initiative du président français et du premier ministre britannique. On a introduit les pays émergents pour la première fois sur la scène mondiale : la Chine, l’Inde, le Brésil, pour mettre en place une gouvernance mondiale.

Ce G20 a très bien fonctionné pendant la crise financière. Il aura la vie plus dure dans la période post-récession, car le sens de l’urgence est mois fort, même si son agenda est fourni. Mais il n’y a pas eu de sentiment de G2.

Il y a par ailleurs l’expérience de Copenhague : qu’aurait été la conférence sur le climat sans l’apport européen ? Les autres acteurs auraient fait des offres beaucoup moins élevées qu’ils n’ont fait.

Ce qui est dommage bien sûr, et qui a posé pas mal d’agitation, c’est le fait qu’en dernière minute l’UE n’était pas présente dans la décision finale. Je n’y étais pas, je n’avais pas encore pris mes fonctions.

Etait-ce une humiliation ?

Ce n’était pas une bonne chose pour l’UE. Ceci étant dit tout le monde, dont le secrétaire général des Nations unies, demande que l’Europe continue de jouer un rôle moteur. Le processus a besoin d’une nouvelle dynamique.

Les offres actuelles sont insuffisantes pour maintenir la hausse des températures en deçà de 2 degrés Celsius. Il ne faut pas se laisser décourager par Copenhague. Il faut faire la distinction entre perception et réalité. Commerce, climat, régulation financière, aucun de ces grands sujets ne peuvent être résolus à deux, mais par tous les grands acteurs, dont les Européens.

Beaucoup critiquent la confusion qui entoure la mise en place des nouvelles institutions. Qu’en pensez-vous ?

J’ai réussi à éviter l’émergence de conflits entre les institutions et entre les personnes. Le traité de Lisbonne est un bon traité, mais avec beaucoup de lacunes, également en ce qui concerne ma fonction.

En voici un exemple : le président du Conseil européen donne des impulsions politiques au nom des chefs d’Etat et de gouvernement, mais il ne participe ni au pouvoir exécutif, ni au pouvoir législatif. C’est vraiment spécifique. Il est déconnecté en fait d’une institution vitale de l’Union européenne, c’est-à-dire le conseil européen en tant que tel, qui reste entre les mains de la présidente tournante.

Je dois donc avoir une bonne relation avec la présidence tournante, dans tous ses aspects : non seulement le premier ministre du pays de la présidence, mais aussi ses ministres, qui président les formations spécifiques du conseil, le conseil des finances, le conseil environnement, le conseil emploi, etc. On doit avoir un lien informel, relationnel, de travail avec toutes ses personnes alors que le traité ne prévoit rien de tout cela.

Les autres institutions ont-elles jouée le jeu, alors que la présidence espagnole a donné l’impression de vouloir occuper le terrain ?

Je ne me plains pas de la présidence espagnole. Le monde a changé après le traité de Lisbonne. La présidence tournante ne préside plus le Conseil européen. La présidence tournante ne préside plus le conseil Affaires étrangères Je l’ai dit dès le début.

On a jugé d’une façon tout à fait superficielle la présidence tournante en fonction de sa présence dans les conférences de presse. Quand nous sommes avec elle, on me dit : “rien a changé avec le traité”. Quand elle n’est pas sur le podium, on dit : ” tiens la présidence tournante a disparu . On peut continuer ce petit jeu sans fin, cela ne m’intéresse même pas.

Qu’en est il de vos relations avec la commission européenne présidée par José Manuel Barroso ?

La commission joue un rôle clef dans les institutions. En même temps, un poste de président permanent du conseil a été créé, ce qui donne une plus grande visibilité, et la durée à cette fonction. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de voir M. Barroso au moins une fois par semaine, pour qu’un lien de confiance s’établisse, afin de remplir les cases laissées vides par le traité de Lisbonne.

Nous avons par exemple trouvé un arrangement sur la représentation extérieure de l’Union. La commission est en charge dans ses domaines de compétences, je le suis pour la politique extérieure et de sécurité. Mais il y a des zones grises, où cela n’est pas clair. C’est le cas pour le climat, un domaine d’action communautaire, où les états membres jouent aussi un rôle. On fait la plupart des choses en commun de sorte qu’il n’y ait plus cette lutte de compétences, de pouvoirs, de préséance.

On a conclu un accord par écrit, et je crois que cela marchera. Tout dépend des relations entre les hommes. Puisqu’elles sont bonnes, je présume que l’on règlera cela de façon très pragmatique. Tout cela, le traité ne le prévoit pas, mais on règle ces questions de façon très pragmatique.

Quel est le plus grand danger qui menace l’Europe ?

C’est le populisme, qui génère le manque d’engagement européen. En tant que Belge, je suis bien placé pour en parler. Le populisme va à l’encontre du courage politique. Quand j’étais ministre du budget, on a pris des mesures d’économie très dures. Après quatre ans, on est sorti vainqueur de cette phase. Il faut à un moment donné aller à l’encontre de certaines tendances.

L’Europe est souvent présentée sous un angle négatif, il est très facile d’aller en ce sens dans un climat populiste. Chaque autorité est alors suspecte. Quand je vois l’agenda, les réformes nécessaires, les défis budgétaires, on sera contraint de prendre des mesures impopulaires. On devra le faire, on n’aura pas le choix. Ce sera très dur, mais nous n’échapperons pas à certaines réformes impopulaires.

Le Monde

Intervention de Nigel Farage député Européen, UKIP, Co-Président du groupe ‘Europe libertés démocratie’ au Parlement Européen

(Merci à Virtus & Honor)

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