Une tribune libre de Sanglier
Le 22 décembre 1984 en début d’après-midi, Bernhard Goetz, un Américain fils d’immigrant allemand, est dans le métro de New York. Quatre jeunes Noirs s’approchent de lui, l’entourent et font preuve d’une attitude agressive et menaçante, selon les témoins. L’un d’entre eux lui demande : “Donne-moi cinq dollars”. Goetz porte sur lui un révolver calibre 38. Entraîné au tir, il sort son arme, et tire rapidement à cinq reprises, blessant les quatres jeunes, dont l’un restera paralysé à vie. Bernhard Goetz s’enfuit, se cache, et se rend finalement à la police huit jours plus tard.
Goetz avait subi un vol avec agression violente en 1981 dans le métro, au cours de laquelle il avait été blessé. Ses trois agresseurs n’avaient été inculpés que pour des charges mineures. Il avait par la suite essayé d’obtenir un permis de port d’arme, sans succès, et avait décidé de se procurer malgré tout un révolver.
Dès l’arrestation, les médias publient des articles à charge. Les représentants des associations anti-racistes américaines montent au créneau, affirmant que les jeunes ne faisaient que mendier, et que Goetz est un criminel raciste. Mais la réaction du public est tout autre : une ligne de la police destinée à receuillir des informations est submergée par les appels soutenant Goetz, et des récoltes de fonds sont organisées pour payer sa défense. Un universitaire affirme : “Il est possible qu’il n’y ait plus personne avec des opinions gauchistes sur la criminalité à New York, parce qu’ils ont tous été agressés”.
Au pénal, Goetz est condamné à cinq ans de prison, dont quatre ans et demi avec sursis, un suivi psychiatrique, et 200 heures de travaux d’utilité publique. En appel, cette peine est portée à un an ferme. Au total, il passera huit mois en prison.
Onze ans plus tard, lors un procès civil dont le thème central tourne autour des rapports raciaux, un jury de quatre Noirs et deux “Hispaniques” condamne Goetz à verser 43 millions de dollars à sa victime paralysée. Goetz déclarera par la suite qu’il n’en a jamais payé un centime, ayant déclaré une faillite personelle.
Bernhard Goetz, après s’être porté candidat au poste de maire de New York, s’occupe aujourd’hui de soigner les écureuils de la ville. Deux des jeunes blessés par lui lors de l’incident, qui avaient déjà des casiers judiciaires chargés, ont été par la suite condamnés dans d’autres affaires, notamment pour viol et vol aggravé. Beaucoup de personnes pensent que c’est à la suite de cette affaire que les mentalités des habitants de New York ont durablement changé concernant la délinquance, poussant les autorités à devenir plus strictes à l’encontre des criminels, et faisant de New York une ville qu’on peut aujourd’hui qualifier de sûre.
