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L’éruption du volcan islandais qui paralyse le trafic aérien européen depuis jeudi aura des conséquences économiques plus graves sur le secteur que les attentats du 11 septembre 2001, a estimé l’Association internationale du transport aérien (Iata), pour qui la réaction des gouvernements européens s’est révélée jusqu’à présent inadéquate.

(Vidéo réalisée par des ingénieurs suisses de l’école ZHAW, elle représente la numérisation du trafic aérien mondial – en temps normal – sur une durée de 24h projetée sur une mappemonde et accélérée à une minute. Chaque point jaune représente un avion, la zone d’ombre représente la nuit et donc la zone clair, le jour).

Giovanni Bisignani, directeur général de l’Iata, a relevé ses estimations de perte de chiffre d’affaires des compagnies aériennes à 250 millions de dollars (186 millions d’euros) par jour contre une précédente estimation de 200 millions annoncée vendredi.

Cette nouvelle prévision porte à plus d’un milliard de dollars le manque à gagner des transporteurs aériens depuis le début de l’éruption du volcan Eyjafjöll.

Giovanni Bisignani a estimé qu’il faudrait trois à six jours pour rétablir une situation de transport normal une fois acquise la réouverture de l’espace aérien.

Nous voulons exprimer notre insatisfaction car il n’y a pas eu de coordination et de leadership au niveau européen. Il aura fallu cinq jours aux ministres des Transports pour organiser une téléconférence qui a enfin lieu aujourd’hui,” a-t-il dit au cours d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace.

Le volcan a paralysé le transport aérien, dans un premier temps en Europe mais maintenant les conséquences sont mondiales. L’impact économique (sur le secteur) est désormais plus important que le 11 septembre, quand l’espace aérien américain a été fermé pendant trois jours,” a-t-il souligné.

Sur les marchés d’actions, les titres des compagnies aériennes européennes ont été sanctionnées. Vers 13h30, Air France-KLM reculait de 5,2% à 11,785 euros tandis que Lufthansa perdait 4,2% à Francfort et British Airways 3,4% à Londres, l’indice sectoriel européen reculant lui-même de 1,95%.

Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d’Air France-KLM, a déclaré lors d’une conférence de presse que chaque journée d’interruption de trafic se solderait par une perte nette de 35 millions d’euros pour la compagnie franco-néerlandaise.

La note risque également d’être salée pour l’opérateur aéroportuaire ADP, dont le titre cédait 1,8%, car le trafic perdu depuis jeudi ne pourra probablement pas être intégralement rattrapé.

Giovanni Bisignani a appelé à des actions urgentes pour rouvrir l’espace aérien, réclamant notamment une réunion de l’organisation internationale de l’aviation civile (ICAO).

Nous devons nous écarter de cette fermeture de précaution et trouver des moyens de rouvrir l’espace aérien de manière flexible, étape par étape. Nous devons prendre des décisions sur la base de la situation réelle et non pas de modèles théoriques. Elles (les autorités) ont raté des occasions d’opérer des vols en toute sécurité, ce n’est pas acceptable,” a-t-il ajouté.

Selon Eurocontrol, l’organisation intergouvernementale européenne en charge de la navigation aérienne civile, seuls 30% des vols seront assurés lundi en Europe soit quelque 8.000 à 9.000 vols contre 28.000 en période normale.

Depuis dimanche, Lufthansa et Air France-KLM notamment font voler des appareils sans passager afin d’établir des routes où l’impact des particules fines dégagées par le volcan sur les réacteurs est jugé suffisamment faible pour reprendre des vols commerciaux si les autorités le permettent.

La commission européenne, qui estime également que l’impact de cette éruption volcanique sur le secteur devrait être supérieure à celui du 11 septembre, s’est déclarée prête à revoir les conditions d’octroi des aides d’État aux compagnies aériennes prévues en cas de catastrophe naturelle.

Le Point

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