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N’y tenant plus Jacques Attali, invité sur France Inter à l’occasion de la parution d’un nouvel ouvrage (1), a fini par lâcher le morceau. La crise grecque impose la nécessité de passer à un gouvernement économique commun.

Invité de France Inter, l’ancien conseiller de François Mitterrand a fait le récit de « ses » crises européennes : « C’est la troisième crise que je vis. J’ai vécu celle de 1983-84, une crise qui a failli tuer l’Europe, où il a fallu passer du protectionnisme au marché unique. Deux hommes l’ont fait : François Mitterrand et Helmut Kohl. La suivante où il y a eu des dévaluations compétitives qui ont failli faire exposer le système. Trois hommes l’ont fait : François Mitterrand, Helmut Kohl et Jacques Delors. Aujourd’hui où sont leurs remplaçants ? »

Nouvelle démonstration, après tant d’autres, que l’Europe des politiques avance, claudiquante, presque pathétique, et toujours contre ou au moins insaisissable aux peuples qui la composent. Jusqu’au jour où comme l’écrit Le Figaro ce matin, les trois morts d’Athènes « viennent brutalement rappeler aux institutions européennes qu’elles traitent avec des êtres de chair et de sang, pas seulement avec des déficits et des taux de change. »

Jacques Attali, ancien conseiller spécial de François Mitterrand, président de PlaNet Finance et Georges Prevelakis, géographe, répondent aux questions de Nicolas Demorand et des auditeurs dans Interactiv’ sur France Inter (08h40 – 6 mai 2010).

Et Jacques Attali de constater l’abîme politique européen : « Monsieur Barroso est inexistant. Le pouvoir de Monsieur Van Rompuy est inexistant. Tout va se jouer dans le couple franco-allemand et dans la capacité du président Français et de la chancelière allemande d’incarner une volonté de dire « assez ! On passe à l’étape suivante, on intègre davantage. On fait un gouvernement économique commun. » C’est maintenant que Monsieur Sarkozy et Madame Merkel doivent se voir. si tous les deux ne sont pas capables de s’entendre… »

Marquant une pause, finit donc par lâcher le morceau en question: « j’espère que les reculades ne sont liées qu’aux élections allemandes et lorsqu’elles seront passées…J’espère qu’une heure après les élections allemandes Monsieur Sarkozy et Madame Merkel se réuniront et annonceront qu’on passe à l’étape suivante de l’union européenne. »

A chaque crise, toujours le même remède, quelque soit le mal. Intégrer encore et encore. Toujours plus… Un genre de Golem. Un train fou, lancé à toute vitesse.

Une Europe insaissable aux peuples

L’air de rien, le président de Planet Finance fait ici une nouvelle démonstration, très claire, du stratagème européen, tout en faux-fuyants et dérobades. Angela Merkel et son parti chrétien-démocrate (CDU) sont engagés, jusqu’au 9 mai, dans une épreuve électorale, en Rhénanie du Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé de la République fédérale. Les sondages ne sont pas bons et le CDU de Merkel pourrait perdre la majorité au Bundesrat. « L’aide » – en fait un prêt assez juteux à 5% – promise aux Grecs est très impopulaire, et les thématiques européennes d’autant plus sensibles. Attali résume la situation : faire le dos rond jusqu’au 9 mai et repartir de plus belle comme si de rien n’était après s’être débarrassé de l’encombrante étape électorale.

(1) « Tous ruinés dans dix ans ? », Fayard.

Marianne

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