Pour Andrea Rea, professeur de sociologie à l’université libre de Bruxelles, la ville n’est pas «Chicago-sur-Senne». Pour lutter contre la délinquance, il faut selon lui prioritairement « réduire la fracture sociale». Il déplore également une police trop «belgo-belge».
A quoi attribuer cette délinquance urbaine toujours prégnante ?
En dépit de la mise en œuvre de politiques actives de formation, d’insertion et d’intégration, la précarité de certaines catégories de populations n’a cessé de s’aggraver. (…) Cette désespérance sociale est si profonde chez certains qu’ils n’attendent plus rien de l’intégration scolaire et professionnelle classique et cherchent dès lors à s’approprier des biens de façon illicite et parfois violente.
Mais pourquoi Bruxelles serait-elle plus touchée que d’autres villes ?
Parce que c’est la région la plus jeune du royaume, celle où le chômage frappe le plus, celle où la compétition entre les habitants du cru et les travailleurs venus de l’extérieur est la plus forte.
Prenez un jeune homme d’origine marocaine suivant des cours dans l’enseignement technique ou professionnel à Bruxelles. A la sortie, il maîtrisera rarement la langue néerlandaise et il se fera souffler le job qu’il lorgnait à Ikea ou au Brico du coin par un concurrent du même âge, de la même origine mais venant de Flandre et bilingue. Ou bien encore, il aura pour concurrent direct, dans le secteur du bâtiment par exemple, un sans-papiers brésilien. C’est parfois aussi trivial que cela.
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