Pour The Economist, les économies de la Syldavie et de la Bordurie ont aussi été touchées par la crise.
Les journalistes de l’hebdomadaire économique savent faire preuve d’humour, en toute discrétion, c’est bien connu. Une nouvelle preuve est apportée avec cette carte un peu particulière des pays d’Europe qui fait déplacer les pays selon leur situation économique. L’Angleterre se retrouve au Sud et laisse ainsi sa place à la Pologne ou aux Pays Baltes tandis que la Suisse va s’acoquiner avec les pays scandinaves.
Et ce qui est amusant c’est que le magazine s’amuse à ajouter des fictionnal countries aux pays existant vraiment. On trouve ainsi la Ruritania, pays inventé dans Le Prisonnier de Zenda du romancier britannique Anthony Hope ou la Vulgaria du film Chitty Chitty Bang Bang. Mais, au-delà de ces références anglaises, The Economist rend un bel hommage au monde francophone et à Hergé. Entre la Slovaquie et l’Ukraine, on peut apercevoir la Syldavie et entre la Hongrie et la Croatie se loge la Bordurie.
Notons d’ailleurs que The Economist a poussé le souci du détail à considérer que les économies des deux pays n’ont pas été touchées de la même manière par la crise et que donc maintenant ils ne sont plus limitrophes.
Évidemment, ce ne sont pas les premiers à s’amuser avec les pays imaginaires créés par Hergé (ce sont les deux plus connus, mais l’auteur en a imaginé ou cité de nombreux autres). Pour beaucoup d’amateurs (et pour moi), ces pays existent vraiment. Ainsi, s’ils ne participeront pas à la Coupe du Monde, ils ont des maillots de leur équipe nationale, le Syldave me semble être une langue diablement compliquée et les danses et chants de Syldavie sont un succès chez les disquaires. Même BHL est allé un jour en Syldavie nous raconter la guerre, les horreurs, le Mal. J’ai encore en mémoire ces phrases si justes, mais si dures :
“Les hommes que je croiserai plus tard auront ce regard hagard que je connais. Ce regard que partagent ceux qui ont vu la mort, le viol de masse, le pillage, les flammes. Ce regard qui parfois est le mien. Et cette scène, déchirante. Ce réfugié qui m’en rappelle un autre, me prend la main, me dépeint la sale guerre et me supplie : “Monsieur Lévy, il faudra leur dire”.
Créer un pays imaginaire est une pratique courante, parfois très utile en des temps de censure. Le tour de force est que, par le succès de l’œuvre, il devienne une référence, un univers où l’on a l’impression d’être tout de même allé, même si l’on sait que ce n’est pas vrai.
Allez, en attendant qu’une compagnie low-cost établisse un vol régulier vers Klow, je m’en retourne cet après-midi vers un autre de mes pays préférés, la Grande Garabagne.