L’éditorial de François d Orcival dans Valeurs actuelles :
Au cours de la seule année 2009, vingt-deux policiers et gendarmes ont trouvé la mort en mission ; huit, dont la policière municipale, depuis le début de l’année ! On ne dira jamais assez que toutes les formes de violence et de banditisme font sur le sol français deux fois plus de victimes au sein des forces de l’ordre que la guerre parmi nos soldats en Afghanistan (où nous venons de perdre un capitaine du génie, quarante-deuxième tué depuis 2001). (…)
On reste stupéfait par certaines des mises en liberté auxquelles procèdent les juges d’application des peines. Ainsi, dans l’affaire de la fusillade de l’autoroute A4, le premier suspect arrêté et mis en examen pour assassinat, Malek Khider, 41 ans, avait déjà été condamné pour vol, séquestration et violence à main armée pour des faits commis en 1997 et 1998. Accompagné de trois complices, il avait à l’époque séquestré et volé deux joailliers à la retraite dans le XVIIe arrondissement de Paris. Il avait “saucissonné” une dame de 88 ans avant de la projeter dans l’escalier, puis ouvert le feu sur les policiers appelés au secours et pris l’un d’eux en otage. Khider avait été condamné aux assises à douze ans de prison. C’était en 2002. Il était libéré en 2005. Au bout de sept ans d’incarcération. Moins des deux tiers de sa peine. Une incitation à recommencer. (…)
Ce qui conduit à se poser cette question, c’est non seulement l’emploi d’armes de guerre du type kalachnikov, utilisées par toutes les guérillas du monde, mais la froideur avec laquelle ces gangsters font feu sur la police. Or, ce ne sont plus des gamins affolés. En revanche, quand ils avaient 14 ou 15 ans, ils ont été entraînés à la dure discipline des trafics souterrains (un jeune homme de 19 ans tué, lundi soir, à La Courneuve) et à considérer comme “illégitime” la présence des policiers sur “leur territoire”. Les chasser de là leur paraît naturel. On n’est plus dans la course du gendarme et du voleur. (…)
On ne peut pas ne pas rapprocher les arrestations répétées auxquelles procède actuellement la Direction centrale du renseignement intérieur dans la mouvance islamiste de jeunes hommes entraînés au Pakistan, en Irak ou en Afghanistan de l’intensité de la guerre clandestine qui se livre dans les banlieues. La logistique du djihad coûte de l’argent. Beaucoup d’argent.