Un détenu du centre pénitencier de Vezin, près de Rennes, a été interpellé. Avec un téléphone portable, il donnait des ordres à un complice qui a escroqué une quarantaine de commerçants.
Février dernier, à la maison d’arrêt Jacques Cartier située au coeur de Rennes. Deux détenus, âgés de 25 et 26 ans, font connaissance. L’un d’eux doit sortir prochainement. Celui qui reste incarcéré lui propose de gagner facilement de l’argent une fois dehors.
Comment ? En ouvrant un compte en banque avec de faux papiers. Il lui donne d’ailleurs les contacts qui lui procureront le « kit » de faux documents contre de l’argent.
23 000 € de préjudice
Une fois chéquiers et carte bleue en main, celui qui est libre va s’en servir auprès de commerçants. Avec des chèques en bois, il achète différents biens qu’il revend ensuite. Il garde une partie de l’argent et en reverse l’autre à son « mentor ». Entre-temps, ce dernier a été transféré de l’ancienne prison Jacques- Cartier au tout nouveau centre pénitencier de Vezin-le-Coquet, en périphérie de Rennes. Les deux hommes restent toujours en contact grâce à un téléphone portable que le détenu cache dans sa cellule.
C’est lui qui indique quoi acheter, à qui revendre… Selon des sources judiciaires, une quarantaine de commerçants rennais auraient été victimes des agissements du duo, pour un préjudice d’environ 23 000 €. Les plaintes des commerçants ont permis à la police de remonter la filière et d’interpeller six personnes : le détenu, son ex-compagnon de cellule qui a été de nouveau écroué, et quatre complices, placés sous contrôle judiciaire. Reste que le problème des téléphones portables dans les centres de détention n’est pas nouveau.
En 2001, dans un rapport, Jean-Marc Chauvet, inspecteur de l’administration pénitentiaire, concluait « sur la quasi-impossibilité de lutter efficacement contre l’introduction de téléphones portables au sein des établissements pénitentiaires. » Difficiles à détecter et à brouiller pour empêcher les émissions. « Les téléphones portables nous posent un véritable problème dans les prisons », assure un représentant de FO pénitentiaire d’Ille-et-Vilaine. « Il y a des modèles qui sont indétectables aux portiques de sécurité et les détenus peuvent s’en servir aussi bien pour des tentatives d’évasion que pour organiser des trafics. Ils peuvent être introduits par des visiteurs et souvent lancés par-dessus les murs, protégés dans des balles de tennis. »