Raphaël Liogier, professeur de sociologie à l’Institut d’Etudes politiques (IEP) d’Aix-en-Provence, dénonce les discriminations dont serait victime la minorité musulmane an France. Des discriminations devenues banales et «légalisées» depuis l’interdiction du port du voile dans les établissements scolaires. Il craint que la polémique sur le port de la burqa et un climat d’«islamophobie» ne débouchent sur une «nouvelle fracture française» comparable à l’affaire Dreyfus.
Contrairement à l’image menaçante répandue dans le grand public français les musulmans constituent indéniablement une des minorités sociales les plus pacifiques, les plus tolérantes, les plus calmes et les plus respectueuses des valeurs et lois de la République.
Malgré cela, depuis le début des années 80 en particulier, son image s’est dégradée, devenant la cible de discriminations non seulement populaires (refus devenu banal de vendre ou de louer un appartement, de donner un stage ou un travail à un «arabo-musulman») mais, ce qui est plus préoccupant, de discriminations institutionnalisées et, depuis 2004, légalisées. Pourtant, les musulmans ne réagissent pas, compréhensifs vis-à-vis des frayeurs populaires, surtout depuis les attentats meurtriers du 11 septembre.
C’est ainsi qu’ils ont accepté sans broncher de devenir les boucs émissaires privilégiés de ceux qui se pensent comme les «français de souche», se disant, sans doute, que la situation finirait bien par s’améliorer, que les préjugés finiraient par fondre devant leur comportement irréprochable.