L’INSEE a publié le jeudi 3 juin les chiffres du chômage pour le 1er trimestre 2010 : 9,5 % de la population active, en Métropole, était «sans emploi». Malgré tout, la situation s’aggrave si l’on considère que le nombre des contrats à durée indéterminée reflue toujours davantage au profit des contrats limités dans le temps et des missions en intérim.
Près d’un Français sur dix en âge de travailler était au chômage pendant le premier trimestre 2010. Tel est le «verdict» de l’INSEE, en fonction des critères du Bureau International du Travail. (Selon la méthodologie du Bureau, un chômeur est un citoyen de plus de 15 ans, n’ayant pas atteint l’âge de la retraite, et qui n’a pas travaillé du tout au cours de la semaine donnée bien qu’ayant entrepris des démarches actives de recherche d’emploi. Beaucoup de pays, pour maquiller la situation sur le front de l’emploi, considèrent qu’une personne qui a travaillé une heure cesse de s’apparenter à un chômeur…)
En fait, le taux exact du chômage est de 9,9 %. Si l’on se limite à la France métropolitaine, délaissant les DOM-TOM, l’on obtient un taux de chômage à 9,5 %. (Au dernier trimestre 2009, cette proportion était de 9,6 %). Actuellement, 2,7 millions de personnes sont sur le carreau.
Publiés le 3 juin 2010, ces chiffres témoignent une stabilité du nombre de chômeurs dans l’Hexagone. Mais ils reflètent la réalité de manière partielle, ne serait-ce qu’en raison d’un détail facilement occulté: les 2,7 millions de chômeurs ainsi recensés constituent un record depuis le premier trimestre 2009. Premier constat: le nombre de personnes souhaitant avoir un emploi est bien plus important: 3,4 millions. Second constat, le statut des emplois se fragilise car les contrats à durée indéterminée (CDI) constituent une catégorie désormais moins large que la catégorie des contrats à durée déterminée (CDD) et de l’intérim.
«Parer à d’éventuels coups durs»
A présent, 49,3 % des Français sur le marché du travail dépendent d’un CDI, contre 50,4 % à la mi-2008. Ces chiffres émanent du groupe Xerfi, spécialisé dans les études d’analyses économiques. Commentaire d’Alexander Law, chef économiste au sein de Xerfi: «La remontée de l’intérim et des CDD au détriment des contrats durables n’est pas une bonne nouvelle car elle s’inscrit dans une démarche collective d’incitation à l’épargne dans le dessein de parer à d’éventuels coups durs.»
Le fait que le chômage soit resté stable, malgré l’arrivée sur le marché du travail de nombreux jeunes, n’est donc en rien un signe avant coureur d’une sortie de crise. De telles statistiques ne font que renforcer Alexander Law dans sa conviction que la croissance du PIB tricolore ne dépassera pas 1 % cette année.
Dans la zone euro, 10,1 % de sans-emploi en avril
La France est donc dans la moyenne, en matière de chômage, à l’échelle européenne, si l’on se rapporte aux dernières statistiques émanant de l’Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne. Dans la zone euro, 15,86 millions de personnes étaient sans emploi en avril 2010, avec un taux de chômage en légère augmentation, passant à 10,1 % contre 10 % en mars, soit son plus haut niveau historique.
Il faut toutefois relativiser ces données d’Eurostat, lequel ne recourt pas nécessairement à la même méthodologie que le BIT. L’un des pays les plus écorchés par le chômage en Europe est assurément l’Espagne: au premier trimestre : selon le journal ABC, ce taux était de 20,05% sur les trois premiers mois de l’année soient 4,6 millions de chômeurs.
Par contre, les Allemands sont moins touchés par un tel fléau: le nombre de chômeurs a reculé pour le onzième mois consécutif en Allemagne au mois de mai, en vertu d’études élaborées par l’Office fédéral du Travail. Le nombre de chômeurs a diminué de 45.000 en données corrigées des variations saisonnières pour revenir à 3,246 millions, avait annoncé le mardi 1er juin l’Office fédéral.