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Selon Nouriel Roubini, la Grèce, «insolvable», devra «inévitablement annoncer une restructuration de sa dette». A l’en croire, la situation va forcer l’euro à plonger «sous la parité avec le dollar», peut-être «dès l’an prochain».

A Genève mercredi, le célèbre économiste new-yorkais craint que les plans d’austérité envisagés pour réduire les déficits ne conduisent à une seconde récession. La Grèce n’échappera pas à une restructuration de ses dettes

Dès ses premiers propos, Nouriel Roubini annonce la couleur: anthracite au mieux, carrément noire aux yeux les plus pessimistes de ses interlocuteurs. Avec la crise de la dette en Europe, «nous entrons dans la deuxième phase de la crise financière mondiale», prévient le professeur de l’université de New York qui s’est déjà illustré en prévoyant la crise des «subprime». Celui-ci était mercredi à Genève, invité par Informed Judgement (IJ) Partners, société de gestion de patrimoine fondée il y a un an.

L’Europe va mal, à en croire le célèbre économiste. «Bien sûr ces problèmes de déficits publics peuvent être résolus au cours du temps; mais en attendant les États seront maudits s’ils s’y attaquent… et voués aux gémonies s’ils ne le font pas», résume Nouriel Roubini.

Les pays dont la politique monétaire est orchestrée par la Banque centrale européenne ne peuvent «monétiser» leurs dettes, c’est-à-dire faire tourner la planche à billets pour éponger leurs emprunts, comme aux États-Unis. L’alternative – hausses d’impôts, coupes des dépenses publiques – leur promet donc «au mieux une reprise anémique, en forme de U, et au pire une replongée dans la récession».

Et si l’Europe devait connaître une «récession bis», cela «ne manquerait pas d’affecter la Suisse», prévient-il.

L’euro sous les un dollar

Selon cet économiste de cinquante et un ans, c’est précisément ce scénario qu’envisagent à présent des marchés financiers qui continuent de baisser en dépit du plan de sauvetage de 750 milliards d’euros décidé en mai par les pays de la zone euro.

«Je doute de la capacité de pays comme la Grèce à mettre en place un programme d’austérité aussi important que celui qui lui est promis: les manifestations se multiplient, fragilisant les autorités», estime Nouriel Roubini. Pour ce dernier, d’autres gouvernements, comme l’Espagne «pourraient bientôt faire face» à une contestation politique similaire face au programme de rigueur envisagé. Le problème se résume à une variable: le temps. «La solution viendra dans la mise en place de réformes structurelles dont les résultats ne se feront pas sentir avant plusieurs années; les seules options restant d’ici là la sortie [des pays les plus faibles] de la zone euro ou la poursuite de la dépréciation de la monnaie européenne», poursuit l’économiste, qui voit la valeur de l’euro passer «sous la parité avec le dollar», peut-être «dès l’an prochain».

La Grèce est «insolvable»

A l’en croire, le pays symbolisant ce deuxième versant de la crise, la Grèce, devra, «inévitablement annoncer une restructuration de sa dette». Athènes ne fait pas simplement face à un problème de trésorerie. Le pays «est insolvable». Des difficultés qui seront exacerbées par la récession provoquée par un plan d’austérité drastique et que n’empêcheront «ni les aides de l’Union européenne ni celles du FMI».

Selon lui, plus qu’un défaut de remboursement – à la manière de l’Argentine – le seul «plan B» s’offrant à la Grèce sera de proposer aux détenteurs de ses emprunts d’échanger leurs titres contre «d’autres arrivant à échéance plus tard, sur le modèle des restructurations de dettes en Ukraine ou au Pakistan». Un sombre destin qui vaut plus que jamais à l’économiste son surnom de «Dr Doom» [«Dr Catastrophe» – NDLR].

Le Temps

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