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Après l’austérité budgétaire, les consommateurs européens vont faire face au renchérissement des produits importés.

Le lendemain même d’une réunion des ministres des Finances du G20 en Corée, la Chine a tenu la vedette avec deux augmentations de salaire massives survenues, l’une à l’usine Honda de Foshan, l’autre dans l’usine d’électronique de Foxconn, où une dizaine de salariés se seraient suicidés récemment et où sont produits bon nombre de produits d’Apple ou de Dell.

Plus intéressant encore, le gouvernement chinois laisse filtrer la nouvelle des grèves et des augmentations : il encourage la hausse des salaires. Il a d’ailleurs annoncé, selon le quotidien chinois Global Times, que le salaire minimum sera relevé au 1er juillet de 20%, une hausse deux fois supérieure à celle qui était jusqu’ici rituellement annoncée à pareille époque.

A Shanghai, le minimum garanti atteint 137 euros, et c’est le plus élevé du pays, ce qui signifie qu’il reste du chemin à parcourir avant que les salaires chinois n’approchent de ceux de l’Occident développé. Il n’empêche, ces augmentations de salaire sont une bonne nouvelle.

Elles montrent que le gouvernement chinois continue sa politique, entreprise pour combattre la crise, de développement de la demande interne. Une politique qui devrait permettre de rééquilibrer le modèle de croissance chinois, jusqu’ici tiré seulement par les exportations. En augmentant les salaires chinois, le gouvernement permet aux ouvriers de l’usine du monde de consommer davantage et encourage une croissance tirée aussi par la demande des ménages. Après avoir déversé des milliards de yuans dans l’investissement, le gouvernement choie maintenant les consommateurs. Et à vrai dire il n’avait pas le choix, car les tensions sociales sont désormais fortes, d’autant plus que la politique de l’enfant unique menée par la république populaire fait aujourd’hui sentir ses effets : il n’y a plus autant de candidats au travail à la chaîne…

Évidemment, la Chine devra veiller à ne pas créer de surchauffe de la demande interne, qui serait susceptible d’accélérer l’inflation… Mais le pays, dont le marché immobilier est déjà en ébullition, a plutôt intérêt à freiner la spéculation dans ce secteur et à récompenser le labeur des masses de travailleurs migrants des campagnes vers les zones industrielles. Le gouvernement devra à la fois gérer finement sa politique de crédit bancaire et veiller à donner aux nouveaux consommateurs qu’il crée non seulement des produits mais aussi des services de protection sociale, encore inexistants. La politique économique chinoise devra être savamment dosée pour éviter l’inflation galopante.

L’une des mesures qui pourraient être prises arrangerait bien les États-Unis et l’Europe: une réévaluation progressive et régulière de sa monnaie permettrait de lutter contre l’inflation importée… Même si le recul de l’euro sur le marché des changes peut lui donner prétexte à retarder cette mesure, Pékin ne pourra pas se passer de cette médecine.

Du côté des pays développés, cette nouvelle donne signifie que les produits à très bas coûts fournis par les usines chinoises vont progressivement coûter de plus en plus cher. C’est un paramètre auquel il faudra penser à la fois parce que les pays développés risquent d’importer de l’inflation. Autrement dit, fini de rire : après l’austérité budgétaire actuellement mise en place, les consommateurs européens vont devoir encore se serrer la ceinture en raison du renchérissement des produits importés… Un beau cas de stagflation nous menace. La mondialisation, en favorisant le rattrapage des économies en développement, devrait permettre à terme d’avoir des échanges équilibrés entre pays de richesse équivalente. En attendant, il va falloir gérer des déséquilibres considérables.

On pourra suivre deux pistes pour améliorer cette situation : exporter davantage de produits plus sophistiqués vers des consommateurs chinois qui auront davantage de moyens pour se les offrir. Et profiter du renchérissement des importations pour repenser en partie un mode de consommation trop dépensier en matières premières et en énergie.

De toute façon, les Américains et les Européens disposent d’un choix d’autant plus limité que la Chine est leur banquier…

Slate

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