L’enquête sur la mystérieuse odyssée des 123 migrants kurdes débarqués le 21 janvier dernier sur une plage de Bonifacio (Corse-du-Sud) vient de connaître un brusque rebondissement.
Dimanche, alors qu’il s’apprêtait à prendre la mer, un yacht de 26 mètres battant pavillon singapourien a été arraisonné par la police turque dans le port d’Izmir. Son capitaine, un ressortissant turc qui est soupçonné d’avoir joué un rôle actif dans le réseau d’immigration clandestine, a aussitôt été interpellé et placé en garde à vue. Plusieurs enquêteurs français se sont depuis lors envolés pour la Turquie, afin de prendre part aux investigations visant à identifier ses complices.
Précipité par les autorités turques, ce coup de filet constitue l’aboutissement d’une enquête menée depuis plusieurs mois, en toute discrétion, par l’Ocriest (Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre) et la gendarmerie nationale. «Initialement, cette opération devait intervenir début juillet, confie une source proche de l’enquête, qui précise: lorsque le yacht a soudain appareillé dimanche matin, les policiers locaux ont considéré qu’ils ne pouvaient pas prendre le risque de le laisser filer.»
(…) Pour prendre place à bord du yacht, chaque migrant aurait déboursé entre 7000 et 9000 euros. Au total, le chiffre d’affaires généré par les trafiquants pourrait donc approcher le million d’euros.