Le vice-premier ministre chinois a signé plusieurs contrats pour plus d’un milliard d’euros mardi à Athènes. Pessimiste, l’agence Moody’s a baissé la note des banques grecques.
«Ils ne sont pas comme Wall Street qui spécule sur du papier. Les Chinois traitent du concret. Et ils aideront à relever l’économie réelle en Grèce.» En faisant cette déclaration la semaine dernière au Washington Post, le vice-premier ministre grec Theodoros Pangalos parlait en connaissance de cause. Ce mardi, son homologue chinois Zhang Dejiang a signé à Athènes un accord de coopération maritime et 13 contrats d’investissements et de coopération pour plus d’un milliard d’euros.
La Chine a en effet répondu positivement à Investingreece, le tout nouvel organisme étatique dont la mission est d’attirer les investissements étrangers. «Nous ne pourrons pas équilibrer les finances publiques en coupant seulement dans les dépenses. Il nous faut aussi des investissements productifs pour créer de la croissance», a déclaré son directeur, Christof Alexakis.
Le contrat le plus important porte sur la construction d’un terminal à Thiasio, un port à l’ouest de la capitale, présenté comme la porte d’entrée au marché européen pour les produits chinois. Les autres contrats concernent la construction d’un monorail à Athènes, des routes, plusieurs hôtels ainsi qu’un parc d’attractions maritime. Le groupe télécom grec OTE a aussi signé un accord de partenariat avec la société chinoise Huawei Technologies. Enfin, quatre groupes alimentaires vont importer de l’huile d’olive grecque.
Selon lui, la Grèce d’aujourd’hui offre une opportunité en or pour faire de bonnes affaires. «Nous ne sommes pas seulement la porte d’entrée du marché européen, nous sommes aussi au centre du pourtour méditerranéen. Les risques d’investir en Grèce sont certes élevés, mais le potentiel de gain l’est tout autant. Et nous venons de mettre en place un arsenal législatif favorable aux investisseurs.»
Sans fermer ses portes aux investisseurs européens, la Grèce se tourne davantage vers la Chine, la Russie et les pays arabes dont les fonds souverains richement dotés cherchent des opportunités d’investissements. C’est dans cette optique qu’une délégation d’entrepreneurs chinois était à Athènes la semaine dernière. Le premier ministre Georges Papandréou s’est rendu personnellement à Moscou et à Tripoli. Plusieurs rencontres ont également eu lieu, notamment à Abu Dhabi et à Beyrouth ces dernières semaines.
Alors que la stratégie grecque commence à montrer ses premiers résultats, le pays n’est de loin pas sorti de l’ornière. Une délégation conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Commission européenne (CE) est arrivée lundi à Athènes pour s’assurer que les engagements de restructuration économique contre un prêt de 110 milliards d’euros sur trois ans soient bien respectés. Athènes attend une deuxième tranche de 9 milliards d’euros fin juillet.
Par ailleurs, après que l’agence Moody’s a baissé la note de la dette grecque lundi, Athènes a reçu le soutien de Jean-Claude Junker, président de l’Eurogroupe, d’Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires monétaires et économiques, et Pier Carlo Padoan, économiste en chef de l’OCDE. D’une seule voix, ils ont critiqué la décision de Moody’s et ont estimé que le pays était en bonne voie pour réduire son déficit budgétaire. Il n’empêche que le rendement de la dette grecque a grimpé à 9,8%. La bourse d’Athènes a évolué en rouge dans un marché européen haussier.
Et pour ne rien arranger, Moody’s a dégradé mardi la note des principales banques grecques en raison des doutes de la capacité d’Athènes à soutenir son système bancaire.